"Lourdement fortifié et sous une montagne" : Fordo, site stratégique du programme nucléaire iranien et cible difficile à atteindre pour Israël
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L'Etat hébreu a visé plusieurs sites d'enrichissement d'uranium, depuis le début de son offensive en Iran vendredi. Parmi eux, le site de Fordo, enterré à plus de 80 mètres de profondeur.
Natanz, plus grand site iranien d'enrichissement d'uranium, est en partie "détruit". L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé, lundi 16 juin, que les bâtiments en surface avaient été touchés par des frappes israéliennes, précisant que la salle souterraine (où se trouvent la plupart des centrifugeuses) n'était pas endommagée. Un autre site échappe, pour l'instant, aux dégâts causés par les bombes israéliennes : Fordo.
A une quarantaine de kilomètres de la ville sainte de Qom, au sud de Téhéran, le deuxième site d'enrichissement d'uranium du pays est une cible stratégique pour Israël. L'Etat hébreu, qui a lancé vendredi une vaste offensive en Iran, justifie ses attaques par la nécessité d'empêcher la République islamique de développer la bombe nucléaire. "L'ensemble de l'opération ne peut être menée à bien qu'avec l'élimination de Fordo", a affirmé l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Yechiel Leiter, à Fox News.
Un site au cœur du programme nucléaire iranien
Selon Libération, ce centre d'enrichissement d'uranium a été construit dans le plus grand secret, probablement en 2002. Son existence n'a été révélée que sept ans plus tard par les services de renseignement français et britannique. Dans le cadre de l'accord sur le nucléaire iranien trouvé en 2015, Téhéran avait accepté de transformer Fordo en centre de recherches à visée civile, rappelle Libération. Mais le retrait des Etats-Unis de l'accord, lors du premier mandat de Donald Trump, a changé la donne.
Depuis 2021, Téhéran a repris et accéléré son programme d'enrichissement d'uranium à Fordo. Si Natanz compte 16 000 centrifugeuses, le centre est "conçu pour enrichir de l'uranium à des niveaux plus bas", constate le Financial Times. Mais sur le deuxième site nucléaire du pays, d'une capacité maximale de 3 000 centrifugeuses, l'AIEA a détecté en 2023 des particules enrichies à 83,7%, un taux proche du seuil de 90% nécessaire pour développer la bombe atomique, rappelle CNN.
Selon le dernier rapport de l'agence onusienne, l'Iran a déjà accumulé plus de 400 kilos d'uranium enrichi à 60%. Le seul site de Fordo, s'il demeurait intact, permettrait à la République islamique d'obtenir l'arme atomique, avance un expert cité par le Guardian. L'Iran, s'il continuait d'y enrichir son stock actuel d'uranium, pourrait obtenir "neuf armes nucléaires en un mois", détaille David Albright, de l'Institut pour la science et la sécurité internationale, un think tank spécialisé.
Un bunker à 80 mètres sous terre
"Jusqu'ici, Israël a visé des parties importantes du programme nucléaire iranien. Mais si vous vous inquiétez de voir une avancée nucléaire, Fordo est la vraie cible", estime Richard Nephew, négociateur des administrations Obama et Biden avec l'Iran, dans les colonnes du Wall Street Journal.
"Si Fordo reste opérationnel, l'offensive israélienne pourrait à peine ralentir l'avancée de l'Iran vers la bombe atomique."
James M. Acton, expert au Carnegie Endowment for International Peaceà CNN
La tâche s'annonce néanmoins extrêmement complexe. Le site de Fordo est "lourdement fortifié et sous une montagne", rappelle Danny Citrinowicz, spécialiste de l'Iran à l'Institut pour l'étude de la sécurité nationale de Tel-Aviv, interrogé par le Financial Times. Selon Libération, les centrifugeuses de Fordo seraient abritées dans une salle gigantesque, de "250 mètres de long sur 13 mètres de large", construite à 80 ou 90 mètres de profondeur. En comparaison, la partie cachée de Natanz n'est qu'à 30 mètres sous-terre.
Un centre d'enrichissement imprenable ?
"La solidité géologique de Fordo rend sa salle des centrifugeuses impossible à atteindre avec des bombes conventionnelles larguées par les airs", assure le Financial Times. Or l'armée israélienne ne dispose pas d'armes plus puissantes, qui soient capables de toucher les sous-sols du centre d'enrichissement. L'Etat hébreu peut "endommager des centres nucléaires clés en Iran, mais il ne peut pas détruire des sites renforcés comme Fordo sans aide militaire des Etats-Unis", confirme une experte au Washington Post.
L'armée américaine dispose en effet de la GBU-57, une bombe guidée XXL capable de perforer le béton renforcé avant d'exploser, relève Libération. Cette arme "anti-bunker" ne peut être larguée que par certains bombardiers américains, mais Donald Trump a pour l'instant exclu de participer à l'offensive israélienne. De plus, la GBU-57 a une capacité de pénétration du béton de 60 mètres, ce qui pourrait la rendre inefficace à Fordo, note le Financial Times.
Une opération au sol pour prendre d'assaut le site, hautement surveillé et doté de nombreux tunnels, semble très peu probable. Quand bien même Israël parviendrait à détruire Fordo, il ne s'agit pas du seul centre d'enrichissement hautement sécurisé de l'Iran, remarque le Financial Times. A quelques kilomètres au sud de Natanz, à Kuh-e Kolang Gaz La, la République islamique a "récemment construit un centre encore plus profond et mieux protégé", plus vaste et doté de plus d'entrées, détaille le quotidien américain. Un lieu encore plus difficile à détruire et dont on ignore s'il contient des stocks d'uranium enrichi, l'AIEA en ayant été interdite d'accès.
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