Adoption internationale : un rapport confirme que le gouvernement sud-coréen s'est rendu coupable de fraudes et d'abus

"Il a été établi que l'Etat a négligé son devoir (...), ce qui a conduit à la violation des droits humains de [personnes] adoptées", conclut la Commission vérité et réconciliation, après près de trois ans d'enquête.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une "baby box", qui permet de laisser un enfant pour qu'il soit adopté, à Séoul (Corée du Sud), le 24 mars 2017. (JUNG YEON-JE / AFP)
Une "baby box", qui permet de laisser un enfant pour qu'il soit adopté, à Séoul (Corée du Sud), le 24 mars 2017. (JUNG YEON-JE / AFP)

La Corée du Sud a longtemps été l'un des premiers viviers de l'adoption internationale, avec au moins 140 000 enfants sud-coréens adoptés par des étrangers entre 1955 et 1999. Mais, dans ce processus, le gouvernement sud-coréen s'est rendu coupable de fraudes et d'abus, conclut un rapport publié mercredi 26 mars. "Il a été établi que l'Etat a négligé son devoir (...), ce qui a conduit à la violation des droits humains de [personnes] adoptées", écrit la Commission vérité et réconciliation de Corée du Sud, dans ce rapport suggérant au gouvernement de présenter des excuses officielles.

Publié au terme de deux ans et sept mois d'enquête, le document fait état de violations des droits humains des personnes adoptées et dénonce notamment des "enregistrements frauduleux d'orphelins, des falsifications d'identité et un contrôle inadapté des parents adoptifs".

"Ces violations n'auraient jamais dû se produire"

Le rapport établit que dans de nombreux cas, "les procédures légales" destinées à vérifier que les parents biologiques avaient bien donné leur consentement à une adoption n'ont pas été "respectées". Alors que les parents adoptifs doivent être soumis à un examen d'éligibilité, le document souligne que pour la seule année 1984, 99% des demandes d'adoption internationale ont été accordées le jour même ou le lendemain.

Il est également reproché au gouvernement sud-coréen de ne pas avoir encadré les frais d'adoption pour empêcher que l'adoption internationale ne devienne une industrie motivée par le profit. Après la guerre de Corée (1950-1953), l'adoption a été dans le pays un moyen de se débarrasser des enfants nés de la relation entre des militaires américains et des Sud-Coréennes, alors que l'Etat ne jurait que par l'homogénéité ethnique. L'adoption internationale a ensuite connu un boom dans les années 1970-1980, rapportant des millions de dollars aux agences d'adoption du pays.

"Ces violations n'auraient jamais dû se produire. C'est une partie honteuse de notre histoire", a déclaré à la presse la présidente de la commission, Park Sun-young. Depuis des années, des Sud-Coréens ayant été adoptés par des parents étrangers défendent leur droit de savoir. Mais la quête d'information pour les enfants adoptés est notoirement difficile en Corée du Sud. Sur un total de 367 plaintes reçues, la commission a constaté 56 cas de violations de droits humains, soulignant qu'il y avait énormément d'informations à vérifier. Elle a toutefois promis de faire "des efforts" pour examiner les cas restants avant la fin de son enquête, le 26 mai prochain.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.