"Ce sont des vacances sans être des vacances" : à Barcelone, les touristes sont partagés entre fête et recueillement
Les vacanciers et les professionnels du tourisme sont de retour sur la Rambla, une semaine après l'attentat meurtrier, mais le lieu demeure chargé d'émotion et tristesse.
Le 17 août 2017, la ville de Barcelone était plongée dans l'horreur. La camionnette folle conduite par Younès Abouyaaqoub fonçait dans la foule en zigzaguant sur la Rambla. Une semaine après, dans la capitale de la Catalogne, la terreur a laissé la place aux mémoriaux improvisés sur le trottoir, constitués de bougies, de peluches et de petits mots.
Malgré ces blessures morales, la Rambla a repris son rôle d'attraction touristique. Des milliers de personnes passent nuit et jour sur cette grande artère barcelonaise et les professionnels du secteur ont recommencé à travailler sur ce lieu chargé d'émotion et tristesse.
Cela fait 17 ans que Carel travaille comme statue humaine sur las Ramblas. Pour son spectacle mutique, elle est maquillée et vêtue de doré, et son costume est surmonté d'ailes d'anges. Mais, désormais, derrière ce visage de marbre se cache une femme meurtrie. "Ici, c'est ma maison. J'y travaille tous les jours. Cela a été un moment très tragique, mes sensations sont multiples, parce qu'à chaque fois, depuis les jours de deuil, que je reviens ici avec mes collègues c'est difficile, raconte-t-elle. Nous devons être forts mais nous sommes des êtres humains aussi. C'est comme une plaie ouverte. On aura cette cicatrice toute notre vie."
Continuer à travailler, malgré tout
À chacune de ses courses, chaque jour, Rodrigro est obligé de passer devant les mémoriaux en pédalant. Ce chauffeur de pousse-pousse reconnaît que c'est "un peu difficile" mais qu'il faut continuer à travailler malgré tout. "C’est le travail : la vie continue et tu dois retenir tes sentiments", dit-il.
Il faut compartimenter la douleur, l’angoisse et la peur parce que, notre mission, c’est avant tout d'apporter un service aux touristes qui ont, eux aussi, leurs problèmes.
Rodrigro, chauffeur de pousse-pousseà franceinfo
Tous les professionnels du tourisme de la Rambla ont vécu, de près ou de loin, l'attentat de Barcelone. Les touristes perçoivent ce malaise. Eux-mêmes sont tiraillés entre des émotions contraires : découvrir la ville et marcher sur le lieu d'un attentat terroriste.
"Ça change notre ressenti"
Jennifer est arrivée à Barcelone après l'attentat. Cette touriste parisienne confie que l'atmosphère sur la Rambla est "pesante". "Le fait de voir toutes les bougies, de voir tout le monde, certains qui prient, certains qui pleurent, certains qui ont peut-être déjà vécu d'autres attentats, c'était pesant", raconte la jeune femme.
Ce sont des vacances sans être des vacances. Le fait que ce soit pesant donne une note un peu plus négative.
Jennifer, touriste françaiseà franceinfo
Jennifer est, malgré tout, heureuse d'être là. "Ca reste quand même agréable à découvrir Barcelone. Mais, on aurait aimé que cela se passe autrement car, même si est en vacances, ça change notre ressenti."
Même sentiment pour Romain, un jeune Français qui vit à Bar-Le-Duc, dans la Meuse. Il est arrivé dans la capitale catalane avec un copain, au lendemain de l'attentat. "On venait tout d'abord à Barcelone pour faire un peu de tourisme, des boutiques et tout ça, raconte-t-il. Je ne sais pas si on peut dire que ça va nous empêcher de faire tout ça (...) mais l'atmosphère est vraiment pesante parce qu'on sait que ça s'est passé ici."
On est arrivé vendredi et on s'est dit que ça aurait pu être nous à la place des victimes.
Romain, touriste françaisà franceinfo
Chaque soir, à la nuit tombée, la Rambla est divisée en deux. D'un côté, il y a la place de Catalogne avec ces lieux de mémoires, éclairés par des bougies. C'est par là qu'est entrée la camionnette. Et de l'autre côté, côté mer, on ressent moins la tragédie même si tous les touristes finissent par se recueillir.
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