: Récit "On s'est retrouvés comme des poulets sans tête" : la folle journée où les Espagnols ont vécu sans électricité
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Les Espagnols se sont notamment rués dans leur banque, pour retirer du liquide, les paiements par carte étant devenus impossibles avec la coupure d'électricité.
Près d'une journée passée dans le noir. Sans réseau. Sans électricité. Sans énergie ou presque. Lundi 28 avril, à 12h33, une panne "massive" a soudainement plongé la péninsule ibérique dans l'obscurité. Dans les rues de grandes villes, des bus saturés refusent de prendre des passagers, les métros s'arrêtent net, les GPS deviennent inopérants et les files d'attente s'allongent devant les banques.
"Jamais" il n'y avait eu un tel "effondrement" du réseau espagnol, reconnaît le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. Si l'origine de la panne reste inconnue, ses conséquences ont été immédiates et spectaculaires dans tout le pays. A 6 heures, mardi 29 avril, 99% du réseau espagnol était rétabli, selon le gestionnaire du réseau REE. Mais la cause du black-out reste inconnue.
Un monde sans Google Maps
Bus au ralenti, métros arrêtés, GPS hors d'usages... Dès le début de l'après-midi, à Madrid, le Paseo de Santa María de la Cabeza se transforme en "un déluge de personnes marchant comme des poulets sans tête", raconte le quotidien espagnol El Pais. "Nous avons toujours utilisé Google Maps, mais nous sommes vraiment perdus", reconnaît José Morales, employé chez Uniqlo, interrogé par le média, qui tente de trouver son chemin avec deux de ses collègues grâce à une carte sur un abribus. Leur destination ? Legazpi, un quartier au sud de la ville. Mais chacun pointe une direction différente, faute d'une appli de géolocalisation en état de fonctionnement.
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Même situation pour Javier S., informaticien de 52 ans. "Les voitures sont vides. Je crois qu'il est temps de se serrer les coudes, mais pas pour tout le monde. Dans trois heures, dès qu'il n'y aura plus de lumière naturelle, on commencera à se manger", ironise-t-il auprès d'El Pais. A l'arrivée d'un bus bondé, il s'engouffre à l'intérieur sans savoir s'il se dirige en direction de sa destination finale, décrit le quotidien.
Sur le réseau social X, Andrea Aldana raconte avoir "partagé" une "petite radio" dans la rue avec ses voisins. Quant à Marina Sierra, 16 ans, elle essaye de contacter son père et d'improviser un itinéraire pour rentrer chez elle dans la banlieue de Madrid après la fermeture de son école, lorsqu'elle croise un journaliste de l'AFP. "Le bâtiment dans lequel nous nous trouvions dégageait de la fumée, ils ont dû nous évacuer rapidement... Je suis choquée parce que tout est totalement hors de contrôle", s'inquiète cette lycéenne. Dans l'urgence, à Barcelone, les élèves d'un lycée sont également renvoyés chez eux faute de réseau. "Comme l'internet ne revenait pas, ils nous ont dit de rentrer chez nous. Il n'y avait pas de train non plus", explique une lycéenne catalane à l'agence de presse.
Une ambiance qui rappelle le confinement
A Madrid comme à Barcelone, les feux tricolores, censés réguler la circulation, tombent en panne. Sur la place de Cibeles, "une cacophonie de sirènes, de sifflets et de klaxons" s'installe, explique l'agence AFP. Des employés de bureau déconcertés se rassemblent dans les rues, accompagnés de leurs ordinateurs inutilisables. Les bus, saturés, ne prennent plus de passagers. Sur l'avant des véhicules, la plupart affichent "complet, ne prend plus de voyageurs", rapporte l'AFP. "Regardez, la queue fait mille virages", s'alarme Rosario Peña, citée par l'agence de presse, qui se décourage face aux longues files improvisées des arrêts de bus. "J'ai déjà mis une heure et demie à arriver ici, et je ne sais pas combien il me reste encore jusqu'à chez moi", se désole l'employée de fast-food de 39 ans.
Faute de transports en commun, certains piétons tentent leur chance en frappant aux vitres des voitures, raconte El Pais. Luz Osorio, une aide-soignante de 58 ans, n'a d'autre choix que d'interpeller les automobilistes pour rentrer chez elle : "Je suis vraiment gênée, mais je ne sais pas quoi faire d'autre. Avez-vous vu s'il y a des bus qui vont là-bas ?" demande-t-elle en interpellant un conducteur.
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Carlos Condori se trouvait dans le métro de Madrid quand le courant a été coupé. "La lumière s'est éteinte et le métro s'est arrêté", par chance le wagon a pu rouler jusqu'au quai, explique à l'AFP cet ouvrier de 19 ans. Selon les autorités madrilènes, 286 personnes ont été extraites d'ascenseurs bloqués, rapporte l'AFP. D'autres à Séville, dans le sud du pays, filment leur évacuation et la partagent sur TikTok.
En dehors des immeubles, de longues files d'attente se forment rapidement devant les banques. Les paiements par carte étant impossibles, beaucoup cherchent désespérément du liquide. D'autres se précipitent dans les supermarchés pour acheter de l'eau, des piles ou du papier toilette. "C'est comme un confinement", crie un homme depuis sa voiture, cité par El Mundo. "Les gens ont un peu dévalisé les rayons, il n'y avait plus d'eau, plus de papiers hygiéniques, plus de légumes, plus d'aliments froids", énumère Lisa Beaugé, étudiante française en école de vétérinaire à León, dans le nord-ouest du pays, contactée par franceinfo.
Autre scène marquante à Vallecas, un quartier populaire de Madrid, où les chariots des supermarchés se remplissent de charbon, constate le journal espagnol. José, employé d'un supermarché, se questionne : "Je ne comprends vraiment rien. Les gens sont dans un état lamentable", s'étonne-t-il auprès d'El Mundo.
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Lorsque la coupure d'électricité survient, Lisa Beaugé pratique une opération de stérilisation sur une chienne à l'hôpital vétérinaire. "Sur le moment, on a eu très peur parce que la chienne était en ventilation mécanique et respirait grâce à une machine qui s'est éteinte", mais la situation s'est rapidement arrangée grâce à l'utilisation d'un générateur, raconte-t-elle à franceinfo.
Une ferveur quand le courant revient
Malgré les coupures d'électricité, la panique n'envahit pas les rues, relate l'AFP. "Nous avons souffert d'une pandémie, je ne pense pas que ce soit pire", philosophe Pilar Lopez, 53 ans. "C'est comme tout, on s'y habitue et on commence à se dire que ce n'est pas la fin du monde." Sur TikTok, des vidéos montrent les Espagnols chanter et danser dans les rues à la nuit tombée, en attendant que le courant revienne.
Dans la soirée, à la gare Méndez Álvaro, l'ambiance n'est pas aussi festive. Daisy, qui attend un bus pour Bailén depuis plus de huit heures avec sa mère, doit passer sa nuit dehors, raconte-t-elle au journal El Mundo : "Au début, nous avons attendu à l'intérieur de la gare, mais à 16 heures, ils nous ont jetés dans la rue comme des chiens", s'agace-t-elle. "Ils nous ont dit : 'Votre bus partira de l'extérieur'. Mais je suis toujours là à attendre", confirme Gregorio auprès du média espagnol, après sept heures d'attente.
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Dans les rues des villes espagnoles, le retour du courant lundi soir a souvent été accompagné d'applaudissements et de cris de joie des habitants, rapporte l'AFP, comme le témoigne une vidéo à Madrid partagée à 23 heures sur TikTok.
Dans la capitale de l'Espagne, les écoles, les bars et les magasins ont rouvert leurs portes mardi matin, après avoir dû pour la plupart fermer précipitamment leurs portes la veille, précise l'agence de presse. Quant à Valentin Santiago, technicien environnemental, il sait désormais qu'"il faut toujours avoir du liquide sur soi" et qu'il ne compte "jamais, ô grand jamais" se séparer de sa bonbonne de gaz, confie-t-il à l'AFP. "Ce lundi, chers enfants, nous avons dû apprendre à ne pas considérer l'électricité comme acquise", conclut El Mundo dans une chronique.
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