De Franco à Loukachenko, comment une chanson catalane des années 60 est devenue un classique de la contestation
"L'Estaca" du chanteur Lluis Llach, écrit il y a plus de 50 ans, a été reprise par les opposants au présidents Loukachenko, en Biélorussie. Un chant de liberté qui a beaucoup voyagé : d'abord symbole de la lutte contre l'oppression franquiste en Catalogne, elle est devenue un symbole de la lutte pour la liberté.
Lluis Llach ne pensait certainement pas que son histoire de pieu, le fameux Estaca en catalan, métaphore de la privation de liberté sous Franco, écrite en 1968, accompagnerait tant de luttes. Lors des manifestations contre la réélection d'Alexandre Loukachenko, le célèbre chant contestataire a été repris par la foule. Une version traduite... En biélorusse.
Le titre du chanteur catalan accompagnait déjà l'opposition en Russie. La variante russe, écrite par Kirill Medvedev et interprétée par le groupe Arkadiy Kotz, est connue depuis 2012 sous nom de Стены (Les Murs). Sa traduction s'est imposée naturellement dans les rues de Minsk.
"L'Estaca", folklore populaire en Catalogne
Le chanteur Lluis Llach clôturait ses concerts sur scène avec cette hymne contre la dictature de Franco, comme en 1985 lors d'une représentation au Camp Nou, le stade de football de Barcelone. Extrêmement populaire en Catalogne, les paroles de ce chant, dialogue entre un grand-père et son petit-fils, sont une métaphore de la lutte pour la liberté. "Ne vois-tu pas le pieu où nous sommes tous attachés ? Si nous ne pouvons nous en défaire, jamais nous ne pourrons nous échapper ! (...) Si nous tirons tous, il tombera. Cela ne peut durer plus longtemps. C’est sûr il tombera, tombera, tombera."
L'Estaca fait aujourd'hui partie du folklore populaire catalan et il est régulièrement entonné lors des rassemblements en Catalogne. Lluis Llach a d'ailleurs été vu aux côtés de Carles Puigdemont lors des manifestations indépendantistes en 2019.
Hymne de la "révolution de jasmin" en Tunisie
La chanson a été traduite en corse, en basque, en breton, en occitan, en niçois, et reprise par de nombreux artistes, comme le collectif musical réuni autour du groupe Zebda sur l'album Motivés. Adaptée en polonais, elle est devenue dans les années 80 l'hymne du syndicat Solidarność, qui a contribué à la chute du régime communiste. C'est en arabe tunisien, spécifiquement en darja, qu'elle retentit sous le titre Dima Dima, chantée par Emel Mathlouthi, l'une des figures artistiques de la révolution tunisienne en 2011, qui chassait le dictateur Ben Ali du pouvoir et marquait le début des printemps arabes.
Lutte contre le fascisme, l'oppression, hymne de liberté ou de rassemblement, L'Estaca est également reprise par les supporters du club de rugby de Perpignan, l'USAP. De Franco à Loukachenko en passant par Ben Ali, ce titre est devenu synonyme de résistance.
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