Crise en Ukraine : "Ce n'est peut-être qu'une étape vers quelque chose de beaucoup plus inquiétant", selon un spécialiste
Julien Théron, spécialiste des conflits et de sécurité internationale, doute que Moscou "se contienne dans une reconnaissance de deux régions du Donbass" et prévoit qu'au "moindre évènement sécuritaire qui se produirait sur la ligne de front, la Russie interviendra."
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"Cela n'est peut-être qu'une étape vers quelque chose de beaucoup plus inquiétant pour le reste de l'Ukraine", s'est inquiété lundi 21 février sur franceinfo Julien Théron, spécialiste des conflits et de sécurité internationale et enseignant à Sciences Po, après la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatises prorusses de l'est de l'Ukraine par le président russe Vladimir Poutine. "En droit international, il n'y a absolument rien qui justifie aujourd'hui ce type d'agression", a-t-il ajouté.
franceinfo : Cette stratégie choisie par Vladimir Poutine, à savoir contrecarrer ce qui était prévu par les occidentaux, il fallait s'y attendre ?
Julien Théron : Absolument. C'est typiquement le jeu du Kremlin depuis de nombreuses années maintenant, c'est-à-dire surprendre, souffler le chaud et le froid, de dire qu'on veut négocier mais en même temps d'amasser des troupes, de dire qu'on retire des troupes et finalement d'en amener encore plus. L'effet de surprise est une chose habituelle, ça n'est pas très étonnant qu'il choisisse d'abord cette voie. Cependant, ce qui semble beaucoup plus inquiétant, c'est que la violence du discours fait dire que ce discours restera dans les annales comme un passage à quelque chose de nouveau. Le niveau de déinformation est extrêmement poussé. On explique que l'Otan va envahir la Russie. On explique que l'Ukraine soutient des djihadistes dont on explique que l'Ukraine est colonisée, que l'Ukraine va envoyer des armes nucléaires sur la Russie. Donc, ce discours fleuve est extrêmement important et je doute extrêmement qu'on se contienne dans une reconnaissance de deux régions du Donbass. Il faut bien comprendre qu'à la fin de son discours, Vladimir Poutine dit une chose très importante, c'est qu'à la moindre goutte de sang qui serait versé, à ce moment-là, la Russie interviendra. Il faut bien comprendre que ça n'est peut-être qu'une étape vers quelque chose de beaucoup plus inquiétant pour le reste de l'Ukraine.
Est-ce qu'on peut dire que l'Ukraine va faire le deuil de ces deux provinces parce que ça va être très compliqué de pouvoir les récupérer un jour ?
C'est intéressant car c'est un peu comme la Crimée. En pratique, il est bien évident que l'Ukraine, aujourd'hui, même avec de grands efforts de réorganisation et de réarmement de son armée, est incapable de reprendre ces territoires là comme de reprendre la Crimée. Il y a une asymétrie considérable entre les forces ukrainiennes et les forces russes. Donc, bien sûr, en pratique, cela n'est pas envisageable
Cette reconnaissance d'indépendance, ça veut dire aussi que désormais, les séparatistes vont pouvoir faire appel à la Russie et appeler à l'aide pour avoir un soutien militaire ?
C'est ce que tout le monde a un peu en tête, c'est-à-dire que le moindre évènement sécuritaire qui se produirait sur la ligne de front, la Russie interviendra. Je crois que c'est tout à l'honneur de la France d'avoir essayer la voie diplomatique jusqu'au bout, mais je crois qu'il faut aussi se résoudre que la diplomatie peut se faire quand on a des arguments rationnels et quand on a des partenaires de bonne foi. La déclaration de ce soir montre que ce n'est nécessairement le cas. Il faut bien comprendre que ce qui est se jouer en Ukraine aujourd'hui n'est pas la fin de l'histoire. Je crois qu'il faut considérer que c'est un peuple européen qui a eu cinq présidents démocratiquement élus pendant que la Russie ne connaissait que Vladimir Poutine et que c'est un peuple qui n'a qu'une espèce d'aspiration, c'est de vivre en démocratie, de rejoindre l'Union européenne et l'Otan. En droit international, il n'y a absolument rien qui justifie aujourd'hui ce type d'agression contre ce territoire, à part l'appétit de son voisin. C'est donc complètement légitime de donner des armes de défense à l'Ukraine, pas pour envahir la Russie, mais pour se défendre et défendre la souveraineté légale de leur territoire.
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