Reportage En Russie, les habitants de Moscou inquiets de voir la capitale de plus en plus souvent ciblée par des drones ukrainiens

Épargnés par la guerre jusque-là, les habitants de Moscou surveillent les négociations en cours pour une trêve entre la Russie et l'Ukraine, avec une certaine inquiétude.

Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des spécialistes constatent les dégâts sur la façade d'un immeuble d'habitation, endommagé par une attaque de drones, le 11 mars 2025 à Moscou (Russie). (TATYANA MAKEYEVA / AFP)
Des spécialistes constatent les dégâts sur la façade d'un immeuble d'habitation, endommagé par une attaque de drones, le 11 mars 2025 à Moscou (Russie). (TATYANA MAKEYEVA / AFP)

La paix ne semble pas près d'être signée entre l'Ukraine et la Russie. Vladimir Poutine a certes assuré jeudi 13 mars qu'il acceptait la proposition de trêve de son homologue américain Donald Trump, mais le président russe a réclamé tant de conditions qu'en l'état il est impossible de signer.

Kiev avait pourtant accepté cette proposition américaine. Mais en attendant le feu vert de la Russie, la guerre continue. Sur le front ukrainien, dans la région russe de Koursk et même à Moscou. Vendredi 14 mars, la capitale a de nouveau été la cible de tirs de drones. Au moins quatre sont arrivés sur Moscou et sa banlieue.

"Comment est-il possible qu'ils ne l'aient pas intercepté ?"

Désormais confrontés aux dégâts de la guerre, les Moscovites oscillent entre inquiétude, espoir et désillusion. Un des drones est tombé sur le toit d'un immeuble d'un quartier plutôt cossu de Moscou, au pied des immenses tours de Mockva City, le quartier d'affaires. De nombreux habitants comme Elena ont été réveillés en sursaut.

"C'était assez flippant, j'avais l'impression de ressentir les détonations dans l'air tellement c'était fort", témoigne-t-elle. Au départ, Elena croit à une explosion de gaz. Puis elle prend conscience du danger : "Depuis trois ou quatre jours, les médias russes parlaient des attaques de drones".

"J'ai été surprise de réaliser qu'on était aussi touchés dans le quartier du centre-ville."

Elena, habitante du quartier d'affaires de Moscou

à franceinfo

Le drone n'a engendré que des dégâts matériels, mais il est tombé dans un quartier central de Moscou, à quatre kilomètres à peine du Kremlin. "Comment est-il possible qu'ils ne l'aient pas intercepté ?, s'étrangle David, un autre Moscovite. Il est clair que nous ne l'avons pas repéré. Il devrait y avoir des batteries aériennes dans le coin. Ils devraient prendre des mesures."

Les Moscovites divisés sur la fin de la guerre

Mardi 11 mars, un premier raid de drones avait fait trois morts et des dizaines de blessés dans le grand Moscou. Beaucoup d'habitants n'hésitent plus à admettre leur peur aujourd'hui. Ce n'était pas le cas il y a deux ans, lors des premiers raids sur la capitale. Svetlana, une retraitée du quartier, passe devant un immeuble touché, l'air préoccupé. "Bien sûr on se sent inquiets que de telles choses se produisent dans le pays", souffle-t-elle.

"Il n'y a aucune garantie sur qui, quand et où ça peut tomber."

Svetlana, retraitée moscovite

à franceinfo

Elle poursuit : "Évidemment, tout le monde attend la fin de tous ces troubles. Lorsqu'ils concluront des accords de paix et se rendront compte qu'ils sont en train de commettre un tel massacre ? C'est impensable, aucun dirigeant ne peut permettre qu'une telle chose se produise dans le pays". Comme de nombreux Russes, Svetlana affirme vouloir la paix.

Mais beaucoup ne croient pas à l'arrêt de la guerre, comme Serguey. "Ces événements ne s'arrêteront pas là, ils continueront. Des provocations seront commises de tous côtés jusqu'à ce que la guerre soit enfin terminée", lance cet habitant du quartier.

Serguey se prend même à faire des analyses historiques, évoquant un tsar du XVIIe siècle. "L'histoire montre que ces négociations de paix depuis Pierre le Grand ne se sont pas terminées en faveur de la Russie. Des objectifs ont été fixés par notre président, nous devons donc les atteindre", assène-t-il.

L'inquiétude des Moscovites : reportage de Sylvain Tronchet

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