Reportage Guerre en Ukraine : dans les pas de "Kuba", 28 ans, l'une des 70 000 femmes ukrainiennes engagées sur le front

La jeune femme est à la fois ambulancière, formatrice et infirmière. Un travail "utile" et qui "motive", malgré la fatigue.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie - avec Yachar Fazylov et Fabien Gosset
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Kuba" soigne et forme les soldats sur le front ukrainien. (FABIEN GOSSET / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
"Kuba" soigne et forme les soldats sur le front ukrainien. (FABIEN GOSSET / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Avec la guerre qui s’éternise, plus de 70 000 femmes ont rejoint les rangs de l’armée ukrainienne, qui compte au total 880 000 soldats, d'après les chiffres du président Volodymyr Zelensky. Parmi elles, Youlia Sidourova, alias "Kuba", une ancienne couturière de 28 ans, soigne et évacue les blessés. Déjà combattante en 2014, elle s’est réengagée en 2022.

Cette fois-ci, elle est envoyée dans un grand bâtiment abandonné à environ 15 km du front. Elle y campe avec son unité depuis deux mois et occupe diverses tâches : ambulancière, infirmière et formatrice. Elle reconditionne des trousses de secours, stockées dans de nombreux cartons. Ces colis ont été envoyés de l'étranger par "une amie qui vit en Italie, qui nous fournit de la médecine de guerre" et "par un Ukrainien aux États-Unis, qui nous aide régulièrement". "L’État n’a pas de capacités suffisantes. C’est bien que des gens soient prêts à nous aider", note la jeune femme.

Les "blagues sexistes", des "exceptions"

Les tatouages sur ses bras sont tous liés à la guerre : "Un cocktail Molotov, symbole de la révolution de Maïdan", "l’écusson d’un service médical que j’ai monté dans l’unité Da Vinci en 2017". "Et si j’avais assez de temps et assez d’argent, j’en aurais encore plus !", lance-t-elle. Ses yeux noirs et sa peau mate, qui la font ressembler à une Latino-Américaine, lui ont donné son nom de guerre, "Kuba". Être une femme dans l’armée ne lui a jamais posé problème. Il y a bien "des blagues sexistes, des moments désagréables", dit-elle, mais ça reste des exceptions".

Parler de Kuba, c'est aussi parler de son inséparable Pastèque, un jeune teckel trouvé dans les ruines de Kherson. Son réconfort quand elle revient d’un poste médical sur le front car "oui, je suis fatiguée. On est tous fatigués !", reconnaît Kuba. "Mais je n’ai pas d’autre choix. Tu fais ce que tu as à faire et tu vois que c’est utile, tu vois les résultats. C’est ça qui te motive", ajoute-t-elle.

Bien plus que les gesticulations de Donald Trump."Je savais qu’il n’arriverait pas à s’entendre avec Poutine, que personne n’y arriverait", dit-elle. Voilà pourquoi "on ne doit compter que sur nous-même", dit Kuba, qui assure ne pas savoir "quand cette guerre va finir", mais qui est "sûre à 100%" qu'"elle se terminera par notre victoire !". La jeune femme pourra alors retrouver la vie civile, rouvrir son atelier de couture à Kiev, et peut-être faire un enfant.

Dans les pas de "Kuba", 28 ans, l'une des 70 000 femmes ukrainiennes engagées sur le front. Reportage d'Isabelle Labeyrie.

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