: Reportage "Je n'ai pas de solution" : dans le Grand Est, l'État met la pression sur des réfugiés ukrainiens pour qu’ils quittent leur logement
Début octobre, des réfugiés ukrainiens ont reçu une lettre dans laquelle une association d'hébergement locale leur demande, faute d'insertion professionnelle et "d'autonomisation", de quitter leur logement. D'autres associations se mobilisent pour soutenir ces familles.
L'angoisse des réfugiés ukrainiens dans le Grand Est. En octobre, plusieurs dizaines d'entre eux, notamment en Meurthe-et-Moselle et en Moselle, ont reçu un courrier de la part de leurs bailleurs sociaux, rattachés aux services de la préfecture, leur demandant de quitter leur logement social car ils ne sont pas "suffisamment intégrés". Entre-temps, des solutions ont été proposées par la préfecture de Meurthe-et-Moselle, mais en Moselle, le problème se pose encore. Il ne s'agit pas d'une vague, car il y a un près de 62 000 réfugiés ukrainiens en France selon Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, mais l'annonce a mobilisé les associations d'aide aux Ukrainiens.
En Moselle, plus de 1 700 personnes ont été accueillies, selon le département. C'est le cas à Metz, au Centre ukrainien où, encadrés par des bénévoles de l'association ELU (Échanges Lorraine Ukraine), ils prennent des cours de français pour favoriser leur intégration, entre espoir et inquiétude.
Au total, ELU a identifié 195 personnes concernées par les courriers dans les deux départements, la Moselle, donc, ainsi que la Meurthe-et-Moselle. La lettre est arrivée début octobre, raconte Valentina. "J'étais choquée", confie-t-elle, encore émue. Le courrier, envoyé par une association d'hébergement locale, intermédiaire entre l'État et les réfugiés ukrainiens, l'informe que, faute d'insertion professionnelle et "d'autonomisation", elle devra quitter l'appartement 4 pièces à Metz dans lequel elle habite seule avec ses quatre enfants, d'ici au 31 octobre. "Je n'ai pas de solution, c'est très difficile d'avoir un autre appartement, je n'ai pas de contrat de travail", déplore-t-elle.
Un sursis jusqu'au printemps
L'avenir en France, où elle est arrivée peu de temps après le début de la guerre, est incertain, angoisse Valentina. Son niveau impressionnant de français, qu'elle apprend depuis septembre au Centre ukrainien de Metz, montre sa volonté de s'en sortir. "Chaque jour, j'ai un cours de français, j'ai un diplôme d'assistante médicale en Ukraine, j'ai beaucoup d'expérience, mais ça ne fonctionne pas ici. Valider mon diplôme, c'est possible avec un examen, ensuite je peux travailler comme infirmière ou assistante médicale." Et payer le reste à charge de son loyer de près de 1 000 euros. Valentina demande juste un peu de temps. "J'ai besoin de minimum six mois, je crois. Mon objectif est vraiment de me sentir appartenir à la société française."
Grâce à la mobilisation de plusieurs associations, les familles menacées ont obtenu de la préfecture de pouvoir rester dans leur logement jusqu'au 31 mars, la fin de la trêve hivernale. Un sursis, déplore Annie Vuagnoux, responsable du Centre ukrainien de Metz. "Aujourd'hui, on a réussi à tout suspendre, ça nous laisse quelques mois pour essayer de trouver des solutions, mais ça va passer très vite et ces personnes sont déjà dans une inquiétude, et se disent : 'Moi, en Ukraine, je n'ai plus rien. Mes enfants sont scolarisés, bien intégrés, qu'est-ce qu'il va se passer pour nous ?'"
Svetlana, qui vit avec son fils de 17 ans à Rombas, à une vingtaine de kilomètres de Metz, a pris sa décision : sans travail et sans solution d'ici avril, ils retourneront vivre à Donetsk.
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