Ukraine : "Que les Européens soient obligés de répéter qu'ils ne peuvent pas agir sans les États-Unis doit conforter Vladimir Poutine", analyse une diplomate française

Ancienne ambassadrice de France en Russie, Sylvie Bermann relève que, contrairement aux idées reçues, les États-Unis s'intéressent peu à l'Europe. "On a cru que Biden était la norme et Trump l'exception, mais c'est l'inverse, donc on ne s'y est pas préparé".

franceinfo

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Publié le 03/03/2025 07:12

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Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Russie, entourée du président russe Vladimir Poutine (à droite) et de son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, le 3 octobre 2017. (PAVEL GOLOVKIN / POOL)

"Le fait que les Européens soient tous obligés de répéter qu'ils ne peuvent pas agir sans les États-Unis doit finalement conforter Vladimir Poutine", analyse Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Russie, dimanche 2 mars sur franceinfo après le Sommet pour l'Ukraine ayant réuni une quinzaine de dirigeants occidentaux.

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"Il y a une volonté des Européens d'avoir davantage d'autonomie, mais en même temps, un des messages principaux était qu'il fallait garder le partenariat avec les États-Unis", affirme la diplomate. Sylvie Bermann souligne toutefois le soutien chaleureux affiché au président ukrainien Volodymyr Zelensky : "Il y avait un souci de réparation symbolique après cette humiliation par Donald Trump et J.D. Vance", analyse-t-elle. Elle salue également les annonces faites par plusieurs dirigeants européens d'une augmentation des dépenses de défense : "Ça prendra des années et c'est pour le moyen terme ou le long terme, c'est un peu tard pour pour l'Ukraine, mais c'est important de le faire", assure-t-elle.

Un changement géopolitique

Il faut enfin, selon l'ancienne ambassadrice, que l'Europe prenne une vraie autonomie vis-à-vis des États-Unis, et prenne acte du changement géopolitique précipité par Donald Trump. "Depuis qu'Obama avait décidé de son pivot vers l'Asie, les différents présidents américains, à l'exception de Biden, ne s'intéressaient pas beaucoup à l'Europe", explique-t-elle. "Et on a cru que Biden était la norme et Trump l'exception, mais c'est l'inverse, donc on ne s'y est pas préparé, mais il faut le faire désormais", prévient-elle.