Volonté d'adhésion à l'Otan de la Finlande : "C'est un échec" pour Vladimir Poutine, estime un géopolitologue
Le président et la Première ministre de la Finlande estiment qu'être membre de l'Otan "renforcerait l'alliance dans son ensemble". C'est "un effet en retour qui n'était certainement pas attendu par Vladimir Poutine", estime Jean Sylvestre Mongrenier.
La volonté d'adhésion de la Finlande à l'Otan, exprimée par l'exécutif finlandais, "est un échec" pour Vladimir Poutine, a affirmé jeudi 12 mai sur franceinfo Jean Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut français de géopolitique, chercheur associé à l'institut Thomas More.
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"Vladimir Poutine s'attendait à vaincre très rapidement l'Ukraine, et à sidérer toute l'Europe. On s'aperçoit qu'il a des réponses en retour", souligne Jean Sylvestre Mongrenier. Il rappelle par ailleurs que la neutralité "stricto sensu" de la Finlande "n'existait déjà plus" depuis le milieu des années 1990.
franceinfo : Cette demande d'adhésion paraissait encore inimaginable il y a quelques mois. Est-ce que la guerre en Ukraine a tout changé ?
Sylvestre Mongrenier : Elle a eu un effet d'accélération. Le masque est tombé. Ce qui semblait inimaginable, une attaque ouverte de la Russie contre un Etat souverain voisin, cela a accéléré cette quasi-décision. Mais ce qu'il faut quand même avoir à l'esprit, c'est qu'il y avait un certain nombre d'évolutions qui s'étaient produites depuis le début des années 1990. Ce que l'on appelait la neutralité finlandaise, ou la finlandisation, c'est quelque chose qui avait été imposé par l'URSS au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. C'était quand même subi par la Finlande. Après, ils ont su faire avec, certes. Mais cela avait des conséquences sur leur politique extérieure, sur leur politique intérieure. Il y avait des ingérences, des pressions très fortes sur leur vie intellectuelle et culturelle. Par exemple "L'Archipel du Goulag" de Soljenitsyne en 1974, il avait fallu l'éditer à Stockholm. Les librairies étaient régulièrement expurgées de tout ce qui pouvait offenser l'URSS. Donc dès le début des années 1990, avec la fin de la guerre froide, avec la fin de l'URSS, les Finlandais sont sortis de ce que l'on appelle la finlandisation. Au milieu des années 1990, ils ont adhéré à l'Union européenne. Et dans l'Union européenne, il y a une clause de défense mutuelle, certes, plus faible que celle de l'Otan, mais elle existe. Donc stricto sensu, la neutralité n'existait déjà plus. Et au milieu des années 1990 également, la Finlande a rallié le partenariat pour la paix de l'Otan. Ce qui fait qu'il y a eu un rapprochement à ce moment-là, un développement de l'interopérabilité, des manœuvres, des exercices. Donc il faut regarder cela sur 20 ou 30 ans.
Si la Finlande avait été attaquée par la Russie, est-ce qu'il y aurait eu une réaction européenne, Otan ou non ?
Ce n'est pas tout à fait sûr. Parce que la clause de défense mutuelle de l'Union européenne n'est quand même pas très solide.
Est-ce qu'on imagine aujourd'hui un pays de l'UE être attaqué par la Russie sans qu'il n'y ait de réaction ?
C'est quelque chose qu'il faut envisager, quand on regarde une certaine mollesse de la part de la France et de l'Allemagne, pour dire les choses telles qu'elles sont. La grande différence dans l'Otan, c'est qu'il y a les Etats-Unis. Et que les Etats-Unis, par leur poids, par leur puissance, sont en mesure d'apporter des garanties de sécurité beaucoup plus solides que celles des pays de l'Union européenne.
Pour Vladimir Poutine, est-ce que c'est un échec ? Ou est-ce que c'est une provocation ?
C'est un échec. Ce n'est pas une provocation. Il peut le ressentir comme tel. Mais le problème, c'est qu'il a un ressenti quand même très éloigné des réalités. S'il a le sentiment qu'il combat le nazisme en Ukraine, qu'est-ce qu'on y peut ? C'est dans sa tête. Cela ne correspond pas à la réalité. Le fait est que c'est un effet en retour qui n'était certainement pas attendu par Vladimir Poutine, là où il s'attendait non seulement à vaincre très rapidement l'Ukraine, mais à sidérer toute l'Europe. On s'aperçoit qu'il y a des réponses en retour. Mais l'Alliance atlantique, c'est une alliance défensive, il faut le rappeler.
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