L'identité des réfugiés transmise aux autorités, "une vaste hypocrisie" selon le Samu social
Le président du Samu social, Eric Pliez, exprime son inquiétude sur franceinfo, alors qu'une directive du ministère de l'Intérieur enjoint les gestionnaires des hébergements de sans-abri à désormais transmettre l’identité des réfugiés et demandeurs d’asile qu’ils hébergent à l’Office français de l’immigration et de l’intégration.
Les gestionnaires des hébergements de sans-abri doivent désormais transmettre l’identité des réfugiés et demandeurs d’asile qu’ils hébergent à l’Office français de l’immigration et de l’intégration. La directive, qui émane du ministère de l’Intérieur et du Logement, vise selon le gouvernement à sortir les réfugiés et demandeurs d’asile, de l’hébergement d’urgence. "C’est une vaste hypocrisie, qui malheureusement vise surtout à détecter ceux qui ne seront plus en droit de rester sur le territoire mais qu’on ne sait pas renvoyer", a estimé mercredi 10 juillet sur franceinfo Éric Pliez, président du Samu social de Paris et directeur général de l’Association Aurore.
franceinfo : Comment réagissez-vous à l'annonce de cette directive ministérielle ?
Éric Pliez : On pensait que le Conseil d’État avait tranché et trouvé une formule pour que tout le monde puisse faire son travail, que les gens soient en sécurité chez nous et que cette notion d’accueil inconditionnel, à laquelle nous sommes très attachés, pour toutes les personnes qui demandent un hébergement soit maintenue. On s’aperçoit que ce qui est sorti par la porte revient par la fenêtre, donc oui, nous sommes inquiets.
Le gouvernement assure qu’il s’agit de sortir les réfugiés, les demandeurs d’asile, de l’hébergement d’urgence. Que répondez-vous à cela ?
En soi, c’est plutôt louable. Sauf que les demandeurs d’asile, quand ils font leur demande d’asile, automatiquement l’Office français de l’Immigration connait leur adresse, donc on sait déjà où ils sont. Et puis le problème, c’est que si ces personnes sont au 115, c’est faute de place dans le dispositif spécialisé qui devrait pouvoir les accueillir, à savoir le dispositif national d’asile. Nous les besoins, on les connait. On estime que sur trois ans il faudrait créer 40 000 places pour faire face à la demande réelle et bien distinguer les parcours particuliers que peuvent avoir les demandeurs d’asile. Donc en fait, l’État connait déjà les personnes, il connait les besoins… Il me semble que tout ça est une vaste hypocrisie, qui malheureusement vise surtout à détecter ceux qui ne seront plus en droit de rester sur le territoire mais qu’on ne sait pas renvoyer. Que va-t-il se passer ? Les gens n’appelleront plus le 115, les campements indignes, comme ceux que nous trouvons dans l’Est parisien, vont continuer de grossir et on n’aura rien réglé.
Certains ne feront plus appel à l’hébergement d’urgence par peur d’être arrêtés. C’est ce que vous craignez concrètement ?
C’est ce que nous craignons. Toutes ces dispositions visent à décourager les gens, alors qu’on n’a jamais démontré que proposer de mauvaises conditions d’accueil allait ralentir les arrivées. Non, les gens vont continuer d’arriver, les problèmes climatiques vont s’intensifier, donc il faut faire face à ces arrivées qui vont être régulières mais qui représentent une toute petite portions de ceux qui circulent dans le monde. Travaillons plutôt, non pas dans le court terme, mais plutôt à préparer intelligemment ces arrivées qui vont se poursuivre plutôt que de mettre des politiques de découragement qui ne marchent pas.
Il s’agit d’une directive ministérielle. Allez-vous l’appliquer ?
On va surtout chercher à se remettre autour de la table, avec les pouvoirs publics qui nous financent, pour démontrer l’absurdité d’un système qui plutôt qu’aider les gens dans leur intégration va les décourager et risque fortement de venir accentuer les problèmes de campements extrêmement indignes que nous connaissons et qui sont pour nous intolérables.
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