Vidéo Migrants dans la Manche : des gendarmes français crèvent un canot mis à l'eau, le Royaume-Uni salue un "durcissement" des pratiques

"Nous saluons l'action des forces de l'ordre françaises pour intervenir dans les eaux peu profondes", a réagi Londres, après la diffusion d'une vidéo de la BBC montrant une tentative de traversée avortée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des exilés tentent de se hisser sur un canot pneumatique déjà surchargé, le 30 juin 2025, sur la plage de Hardelot (Pas-de-Calais). (SAMEER AL-DOUMY / AFP)
Des exilés tentent de se hisser sur un canot pneumatique déjà surchargé, le 30 juin 2025, sur la plage de Hardelot (Pas-de-Calais). (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Le gouvernement britannique s'est félicité, vendredi 4 juillet, d'un "durcissement" dans les pratiques des forces de l'ordre françaises pour intercepter les migrants embarquant sur des bateaux dans le nord de la France pour rejoindre le Royaume-Uni. "Nous voyons de nouvelles tactiques utilisées pour perturber ces bateaux avant qu'ils ne commencent leur voyage", a salué un porte-parole du Premier ministre britannique, Keir Starmer. Des images diffusées vendredi sur la BBC, tournées sur une plage, montrent des membres des forces de l'ordre françaises aller dans l'eau peu profonde jusqu'à un bateau pneumatique avec de nombreux migrants à son bord, parmi lesquels des enfants, et le crever à coups de cutter.

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"Ce que nous avons vu ce matin était un moment important", a réagi le bureau de Keir Starmer. "Nous saluons l'action des forces de l'ordre françaises pour intervenir dans les eaux peu profondes, et ce que vous avez vu ces dernières semaines est un durcissement de leur approche", a-t-il ajouté. "Avec tous les autres leviers que le gouvernement active, nous pensons que cela peut avoir un impact majeur pour mettre fin aux tactiques utilisées par ces gangs" de passeurs, a-t-il poursuivi.

"Aucune personne n'a été blessée", selon la préfecture

Selon la préfecture des Hauts-de-France, un taxi-boat est venu embarquer des passagers sur la plage de Saint-Etienne-au-Mont (Pas-de-Calais) vendredi matin. L'embarcation transportait déjà 30 personnes "lorsqu'une cinquantaine de migrants (hommes, femmes et enfants) s'est présentée sur la plage", a-t-elle précisé.

A l'occasion de l'embarquement, "les personnes situées à l'eau à l'arrière du small boat couraient un danger immédiat", ce qui a conduit les gendarmes à intervenir afin d'éviter une "prise de risque aux passagers d'un esquif d'évidence très fragile", a poursuivi la préfecture. "Aucune personne n'a été blessée ou a nécessité une prise en charge par les secours", a-t-elle ajouté.

"Les gendarmes sont intervenus pour porter secours à un bateau en détresse, à quelques dizaines de mètres de la plage", a de son côté assuré le ministère de l'Intérieur. "Le bateau, surchargé, s'enfonçait, et des migrants tentaient de monter à l'arrière au risque d'être happés par l'hélice", d'après la même source. Elle décrit des "gendarmes, avec de l'eau jusqu'aux genoux", "intervenus pour sauver les personnes en péril, tirer le bateau jusqu'à la plage et le neutraliser".

Des interventions encadrées pour éviter les noyades

Le Royaume-Uni fait pression sur la France pour que celle-ci modifie la "doctrine" d'intervention des policiers et gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter jusqu'à 300 m des côtes les taxi-boats. Ces derniers embarquent des migrants directement dans la mer pour éviter les contrôles sur les plages. Conformément au droit international de la mer, une fois qu'une embarcation navigue, les autorités ne doivent faire que du sauvetage et ne sont pas supposées intervenir pour intercepter les migrants, afin d'éviter des noyades.

En avril 2024, des journalistes de l'AFP avaient déjà été témoins d'une scène où un policier, avec de l'eau jusqu'aux genoux, avait planté son couteau dans le boudin d'une embarcation, sous les jurons d'un migrant en larmes. Ce dernier était finalement parti une heure plus tard à bord d'une autre embarcation de fortune surchargée.

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