A Sao Paulo, des chefs cuisiniers luttent contre l'interdiction du foie gras
La municipalité de Sao Paulo a voté l'interdiction du foie gras à cause de sa méthode de production par gavage des canards et des oies. Mais les chefs de la plus grande ville du Brésil ne l'entendent pas de cette oreille et ont lancé une pétition. Le foie gras, un mets controversé qui a déjà fait l'objet d'interdiction dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, a toujours ses défenseurs.
L'Association brésilienne de la cuisine et de la haute gastronomie fait actuellement circuler une pétition, qui a déjà recueilli 231 signatures au 5 juin 2015. Elle demande au maire de Sao Paulo de mettre son veto au projet d'interdiction de la production et de la vente de foie gras dans la plus grande ville du Brésil.
Le projet de loi 537/13 dénonçant le gavage et la souffrance animale a été voté à l'unanimité le 16 mai 2015 par l'assemblée municipale de Sao Paulo. Sa mise en application dépend dorénavant de sa promulgation par le maire de cette mégapole de plus de 20 millions d'habitants.
L'association considère que le foie gras est «un instrument culturel de la gastronomie mondiale». Elle met en avant le fait que Sao Paulo est l'une des trois principales destinations gastronomiques du monde: on y trouve le meilleur de la cuisine internationale, notamment de la gastronomie française. A commencer par son célèbre foie gras.
Le 27 mai, le quotidien brésilien O Estado de S. Paulo a souligné qu'il existait deux producteurs de cette denrée à Sao Paulo, dont l'activité est menacée par cette loi.
La consommation de foie gras est importante à Sao Paulo. La ville concentre les plus grosses fortunes du pays qui sont aussi les plus gros consommateurs de cette denrée. Entre 2006 et 2012, la consommation a quintuplé au Brésil, atteignant 19 tonnes.
Le maire n'a pas encore pris sa décision et O Estado de Sao Paulo croit savoir qu'il est un amateur de foie gras. Il pourrait donc entendre les arguments des chefs. Fernando Haddad aurait la possibilité d'invoquer l'argument suivant : les lois sur l'alimentation sont du ressort des autorités fédérales.
Des précédents aux Etats-Unis
Le parlement de Californie avait voté l'interdiction de «gaver un oiseau dans le but d'engraisser son foie au-delà de sa taille normale et de vendre un produit qui est le résultat du gavage d'un oiseau» dans l'Etat américain en 2004, alors qu'Arnold Schwarzenegger en était le gouverneur. Mesure entrée en application huit années plus tard en 2012. Elle n'était pas anodine puisque les Californiens sont de gros consommateurs de foie gras. Ils mangent 20% de celui consommé aux Etats-Unis.
Les restaurants qui proposaient encore du foie gras s'exposaient à une amende de 1000 dollars. Une mesure qui a contraint les producteurs locaux à cesser leur activité.
Mais le 7 janvier 2015, un juge fédéral a annulé la loi. Il a estimé qu'elle interférait avec la législation commerciale. L'interdiction du gavage est toujours en vigueur en Californie, mais les commerçants peuvent vendre du foie gras produit ailleurs.
A Chicago, dans l'Illinois, la vente de ce produit avait été interdite par une loi votée en août 2006 par la municipalité. Deux ans plus tard, elle aussi était abrogée.
D'autres pays sur la même ligne à propos du gavage
L'Inde, où la consommation de foie gras demeure assez faible, en a récemment interdit l'importation, toujours à cause de ses méthodes de production.
En Europe, le gavage n'est plus autorisé dans de nombreux pays comme le Danemark, l'Allemagne, la Finlande, la Suisse, l'Italie ou encore l'Irlande. Il est tout aussi prohibé un peu plus loin sur la planète, comme en Argentine et en Israël.
L'impact infime de ces mesures sur la production de foie gras
La production mondiale de foie gras s'élevait à 27.116 tonnes en 2011 et 26.800 en 2012, soit un recul de 4%. Ce léger repli s'est poursuivi en 2013 avec une production de 26.400 tonnes.
Sans surprise, le premier consommateur et producteur de foie gras au monde est la France avec près de 75% de la production mondiale issue de l'hexagone.
Les exportations françaises de foie gras ont baissé entre 2012 et 2013 de 3%, mais en 2014 elles sont reparties à la hausse, notamment grâce aux exportations hors Europe, qui ont augmenté de 4.783% en Indonésie, 374% au Qatar et 180% au Canada.
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