: Témoignage franceinfo Manifestations en Iran : "Ce qui semble si simple ailleurs peut nous coûter la vie ici", raconte une étudiante
Depuis la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre, après son arrestation par la police des mœurs, la colère gronde en Iran. Shirin*, qui participe à la contestation, témoigne pour franceinfo.
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"J'ai posté ma photo, cheveux au vent, car je voulais figer dans le temps cet instant de liberté, cette émotion que je vivais pour la première fois." Comme des centaines de jeunes filles en Iran, Shirin*, 24 ans a publié sur les réseaux sociaux une photo d'elle marchant dans la rue, sans voile. Le cliché pris dans une grande ville du sud de l'Iran est devenu viral. Plus de 25 000 "likes" en quelques jours. L'étudiante ne s'attendait pas à ce succès et sait qu'il l'expose à des représailles.
>> EN IMAGES. En Iran et dans le monde, un mois de contestation après la mort de Mahsa Amini
Ses parents, qui ont "vécu la transformation de l'Iran", la soutiennent et comprennent son désir de liberté. Chez elle et sa famille, la mort de Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs, a ravivé une colère enfouie depuis des années. "Ils ne supportent plus de vivre sous surveillance".
"A l'entrée de mon université, il y a une dame qui inspecte tous les jours la tenue des filles en disant que le pantalon est trop court, que les cheveux dépassent du hijab ou qu'on est très maquillées."
Shirin, étudiante iranienne de 24 ansà franceinfo
Le ras-le-bol du sexisme
Jointe via quatre réseaux différents à cause de la censure de Téhéran, qui empêche les Iraniens de se connecter à internet, Shirin raconte à franceinfo son ras-le-bol face à tous les interdits imposés aux femmes, qui l'empêchent de "vivre normalement", avec les mêmes droits que les homme. Shirin explique "souffrir" des lois sexistes et misogynes qui régissent la vie des femmes : l'obligation du port du hijab, d'avoir l'accord du mari pour pouvoir voyager, la garde des enfants qui revient au père en cas de divorce... C'est pour toutes ces raisons qu'elle crie sa colère au risque de sa vie.
"Les forces de l'ordre, parfois en civil, attaquent les manifestants, leur tirent dessus à balles réelles. Ils bloquent les entrées des universités pour battre et arrêter tous ceux qui osent scander des slogans anti-gouvernementaux. Ils sont sans pitié !"
Shirin, étudiante iranienne de 24 ansà franceinfo
Selon l'étudiante, "la plupart de ceux qui ont été tués sont des jeunes". La répression des manifestations a fait au moins 122 morts, selon un bilan de l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. Le Comité des droits de l'enfant de l'ONU ajoute qu'au moins 23 enfants ont été tués par les forces de sécurité iraniennes et des centaines d'autres auraient été blessés, détenus et torturés.
"Ce mouvement ne mènera à rien"
Malgré la répression, Shirin et ses amies manifestent encore, surtout les mercredis et samedis, sans savoir si leur voix est audible à l'étranger. Le gouvernement a restreint l'accès à internet et aux applications très populaires comme WhatsApp et Instagram, rendant la mobilisation plus difficile. Les rassemblements se font désormais par petits groupes et loin des grandes places. A l'université, certains professeurs ont beau lui dire que "ce mouvement n'aboutira à rien", Shirin veut continuer à se battre.
"Des filles sont tuées à l'école à cause d'une chanson. Ce qui semble si simple ailleurs peut nous coûter la vie ici. Tout ce que nous demandons est de pouvoir vivre librement."
Shirin, étudiante iranienne de 24 ansà franceinfo
Shirin ne comprend pas "pourquoi les pays qui défendent les libertés ont une réaction très timide face à la répression". Elle explique que des jeunes Iraniens préparent une pétition pour demander à ces pays d'extrader les représentants diplomatiques d'Iran, "choqués" de voir que les enfants de ses oppresseurs vivent en Occident dans les meilleures conditions. Shirin ne souhaite pas quitter l'Iran. Elle veut "y rester pour y vivre en femme libre".
* Le prénom de l'étudiante qui témoigne a été modifié pour des raisons de sécurité.
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