80 ans d'Hiroshima : "Enola Gay", l'avion qui a largué la bombe nucléaire, exposé depuis 2003 à Washington
Un triste anniversaire : mercredi 6 août 2025, cela fera 80 ans que la toute première bombe atomique était lâchée sur Hiroshima, faisant 140 000 morts et détruisant la ville japonaise en l'espace d'une seconde. Une véritable prouesse technologique à l'époque, mise au service du mal. Témoin de l'attaque nucléaire, l'avion qui a largué la bombe est depuis 2003 exposé à Washington, pour ne pas oublier.
Son fuselage métallique renferme à la fois ce que l'homme peut faire de pire, et les plus grandes innovations dont il est capable. "Son usage était quand même injustifié", commente un visiteur. Son nom ? "Enola Gay". L'avion est responsable de la mort de 140 000 personnes le 6 août 1945 à Hiroshima (Japon). L'appareil, un Boeing B-29 Superfortress, est né pour exécuter la vengeance des États-Unis au Japon. Dès sa construction, il a un objectif : être en mesure de larguer la première bombe atomique. Pour cela, il est l'avion à hélices le plus avancé au monde pour son époque.
Un progrès technologique au service de la mort
"Il pouvait voler plus haut, plus vite, plus loin, et permettait à l'équipage de ne pas devoir porter de vêtements en peau de mouton pour rester au chaud. Ils étaient dans un environnement à température contrôlée, dans un fuselage pressurisé. Cette technologie, considérée comme la plus grande réalisation de l'humanité, peut également entraîner sa destruction", explique Jeremy Kinney, historien au musée national de l'air et de l'espace de Washington (États-Unis).
Le progrès au service de l'horreur. Le 6 août 1945, l'avion est prêt à décoller depuis les îles Mariannes, au large des Philippines, avec à son bord 12 membres d'équipage. C'est le commandant Paul Tibbets qui appelle l'avion "Enola Gay", du nom de sa mère. Il s'élance pour six heures de vol, prêt à semer la mort. À 8h15 du matin, et à 9 000 m au-dessus d'Hiroshima, les entrailles de l'appareil s'ouvrent pour laisser tomber la bombe atomique. En une seconde, la ville comptant 245 000 habitants est réduite en cendres radioactives. Aux États-Unis, pour certains, l'avion a permis de mettre un terme à la Seconde Guerre mondiale. Pour d'autres, il est le bourreau de 140 000 personnes.
Le témoin d'une histoire controversée
"On peut éprouver des émotions contradictoires concernant des grands progrès technologiques humains, et les choses horribles qu'il peut faire à d'autres êtres humains", note un visiteur. Depuis 2003, ce morceau d'histoire est exposé dans un musée près de l'aéroport de Washington. "Enola Gay représente une fin et un début dans l'histoire américaine. C'est l'histoire de la fin de la Seconde guerre mondiale, c'est aussi le début de la guerre nucléaire, de la Guerre froide, et de tous les doutes et craintes quant à ce qu'une guerre nucléaire pourrait apporter au monde", commente Jeremy Kinney.
L'avion transporte aujourd'hui la mémoire de l'attaque nucléaire dans le temps, pour que jamais les heures les plus sombres de l'histoire ne se répètent.
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