"On s'est trompé, ça ne fait aucun doute" : le gouvernement japonais reconnaît sa responsabilité dans la crise du riz

Au Japon, le prix du riz a presque doublé en un an à cause de la pénurie. L'achat de riz est même rationné par les commerçants. Mais le gouvernement est désormais obligé de changer sa politique.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Des sacs de riz dans un magasin à Tokyo, le 18 juillet 2025. (KAZUHIRO NOGI / AFP)
Des sacs de riz dans un magasin à Tokyo, le 18 juillet 2025. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Depuis un an, les Japonais se lamentent devant des rayons de riz à moitié vides dans les supermarchés, une situation pour le moins étonnante dans un pays aussi riche et bien organisé. Le gouvernement vient enfin de reconnaître être responsable de cette pénurie.

Les experts en agriculture comme le professeur Nobuhiro Suzuki de l'université de Tokyo dénoncent depuis longtemps la politique gouvernementale de régulation de la production de riz : "Pendant des décennies, le gouvernement a dit aux agriculteurs : 'il y a trop de riz, arrêtez d'en produire'. Puis, il les a incités par des subventions à transformer les rizières en champs." Tant et si bien que le riz a fini par manquer depuis 2024, au point que son prix en rayon a doublé.

Le gouvernement rattrapé par la réalité

Mais le gouvernement n'a cessé de démentir la pénurie. Après avoir vidé et bradé les réserves stratégiques d'État, il est rattrapé par l'implacable réalité, le ministre de l'Agriculture Shinjiro Koizumi a bien été forcé de l'admettre il y a quelques jours : il n'y a pas assez de riz. "Nous avons continué d'établir les prévisions en estimant que la demande allait encore diminuer à cause de la population en baisse et de son vieillissement. On s'est trompé, ça ne fait aucun doute", a déclaré Shinjiro Koizumi.

"Nous devons changer de politique pour éviter encore ce genre de difficultés, cela veut dire augmenter la production."

Shinjiro Koizumi, ministre de l'Agriculture

à franceinfo

Mais cela n'est pas si simple car le Japon manque désormais de rizières et de riziculteurs. "La moyenne d'âge des riziculteurs est de 69 ans et cultiver du riz ne rapporte pas assez pour attirer les nouvelles générations", explique Nobuhiro Suzuki.

Cependant le ministre de l'Agriculture mise sur l'informatique, les drones et autres engins pour combler le manque de bras et élever la productivité. Et si jamais la demande venait à baisser au Japon, les exportations compenseraient. "Pour augmenter la production, nous allons mener une politique basée sur le remembrement agricole, l'emploi de technologies et moyens nouveaux, explique le ministre japonais de l'Agriculture. Et tout en augmentant le rendement, nous allons aussi élever les exportations comme autre débouché d'une production plus importante."

Reste qu'une telle politique risque, selon les experts, de sacrifier les petits riziculteurs au profit de plus grosses exploitations, au lieu d'assurer un revenu suffisant aux exploitants qui ont jusqu'à présent nourri le pays. En attendant dans les supermarchés, le rationnement continue avec un seul sac de riz par personne.

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