Le paradoxe des femmes djihadistes
Ces femmes sont dans un même temps source de vie et de mort, souvent victimes avant de devenir bourreaux, icônes d’un djihad sans merci après avoir été jusque là sans la moindre valeur humaine parce que femmes...
/2021/12/14/61b8b98f28fba_frederique-harrus.png)
/2018/11/27/Djennet-Abdourakhmanova-kamikaze-Daghestan.jpg)
La radicalisation est souvent née après l’étape traumatique de la mort d’un ou plusieurs hommes de leur famille. Elles ont perdu leur socle, leur raison de vivre et sont désormais libres de leurs mouvements (plus de tutelle masculine). Ces femmes sont désespérées et veulent se venger.
C’est là, alors que rien ne les destinait à sortir du lot, qu’elles deviennent des guerrières.
Pour s’imposer dans ce monde d’hommes, et a fortiori dans ce monde d’hommes en guerre, les femmes doivent faire preuve de plus de foi, de détermination et de violence. Tout comme les bandes de filles peuvent se révéler plus dangereuses que celles de leurs homologues masculins.
Agir plutôt que subir
Bizarrement, alors que les femmes ne sont censées être que des supports logistiques, effacées et cantonnées à la maison, simples facilitatrices de l’action des hommes, quelques unes, tout en maintenant parfois une apparence de soumission, se révèlent être les instigatrices d'actions et des meneuses d'hommes. Elles enlèvent les habits de la victime pour revêtir ceux de l’héroïne et sortent tout à coup du lot en devenant une sorte de mythe dont on raconte les exploits.
Les veuves noires
Quand, en octobre 2002 à Moscou, une cinquantaine de terroristes procède à la spectaculaire prise d'otages de près de 850 spectateurs d’un théâtre, c’est l’émoi. A l’issu de l’assaut, on découvre que 19 femmes figurent parmi les terroristes abattus.
Ces femmes ont déjà tout perdu, tous les hommes de leur entourage sont morts. D'où cette appellation de «veuves noires» utilisée pour caractériser ces femmes de Tchétchénie ou du Daghestan. Pour justifier le terrorisme (être chakidki leur permettra de retrouver leurs proches au paradis), par leur volonté de rétablir la justice sociale, de lutter contre les envahisseurs et de venger les proches tués par les Russes. Leur principale motivation réside donc dans le traumatisme personnel qu'elles ont subi. Elles ne peuvent rien perdre de plus, ce qui les rend imperméables à la peur, déterminées et intransigeantes.
/2018/11/27/Une-terroriste-tch-tch-ne-avec-sa-ceinture-d-explosifs.jpg)
En 2010, ce sont deux femmes du Daghestan qui font successivement sauter leur ceinture d'explosifs dans le métro de Moscou. L'une des deux, Djennet Abdourakhmanova, 17 ans, est la veuve d'Oumalat Magomedov, surnommé l'Emir du Daghestan. A elles deux, elles ont tué 39 personnes. Mais ce qui frappe surtout les esprits, c'est l'aspect extrêmement juvénile du visage de la kamikaze, où on décèle encore les rondeurs de l'enfance.
/2018/11/27/Djannet-Abdoullaeva.jpg)
La veuve blanche
Une convertie croit devoir se montrer plus fervente dans sa religion d’adoption que ses coreligionnaires. Quand elle a perdu son mari, à l’origine des attentats du métro de Londres en 2005, Samantha Lewthwaite a décidé d’assurer sa relève dans le terrorisme.
Convertis chacun de leur côté, ils se sont radicalisés ensemble. Surnommée avec respect «la veuve blanche», et bien que mère de deux très jeunes enfants, elle a rejoint les shebabs au Kenya. Remariée deux fois depuis et désormais mère de quatre enfants, elle est soupçonnée d’être l’instigatrice de l’attaque meurtrière du centre commercial de Nairobi. A l’image des chansons de geste d’antan, la légende est en marche.
/2018/11/27/Samantha-Lewthwaite.jpg)
Djihad Jane
Une renommée qui a de quoi faire tourner la tête d’une personne fragile en quête d’un but dans la vie ou de notoriété. C’est ainsi que l’américaine Colleen LaRose, convertie à l’islam en 2008, s’est autoproclamée, dans un bel esprit marketing, Djihad Jane.
Elle clame sur la toile «vouloir aider le peuple musulman qui souffre» et est très fière de sa blondeur et de ses yeux bleus qui la rendraient indétectable lors de la traque des terroristes islamistes. Un homme l’ayant repérée avait prévu de lui faire tuer un caricaturiste suédois ayant dessiné le prophète avec le corps d’un chien. Elle a été arrêtée avant de passer à l’action et condamnée à 10 ans de prison. «Cette affaire, a commenté le procureur Michael Levy, fait voler en éclats tout reste de croyances selon lesquelles nous pourrions arrêter un terroriste en fonction de son apparence».
/2018/11/27/Jihad-Jane.jpg)
Elles deviennent pour certaines des sortes d’icônes dont on parle avec un respect mêlé de crainte. Et si l’on rajoute qu’être abattu par une femme empêcherait un djihadiste de monter au paradis, on comprend tout de suite qu’elles inspirent la peur.
À regarder
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
-
Les "MedBeds, ces lits médicalisés qui affolent les complotistes
-
Front en Ukraine : des robots au secours des blessés
-
Taylor Swift : la chanteuse de tous les records
-
Robert Badinter : le discours qui a changé leur vie
-
Nouveau Premier ministre, retraites : les temps forts de l'interview de Sébastien Lecornu
-
Lennart Monterlos, détenu en Iran depuis juin, a été libéré
-
Charlie Dalin : sa course pour la vie
-
La mère de Cédric Jubillar se dit rongée par la culpabilité
-
Le convoi du président de l'Équateur attaqué par des manifestants
-
Le discours de Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort en 1981
-
Pourquoi les frais bancaires sont de plus en plus chers ?
-
Oui, en trois ans, le coût de la vie a bien augmenté !
-
Pas de Pronote dans ce collège
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter