Gaza : le largage d'aide humanitaire est une "initiative ridicule", selon MSF

Israël a annoncé reprendre les largages d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, vendredi. Une méthode dénoncée par de nombreuses ONG et notamment Médecin Sans Frontières qui estime que l'annonce du gouvernement israélien "relève du cynisme".

Article rédigé par franceinfo
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Des Palestiniens attendent de la nourriture à un point de distribution d'aide, à Nuseirat, dans la bande de Gaza, le 2 juin 2025. (EYAD BABA / AFP)
Des Palestiniens attendent de la nourriture à un point de distribution d'aide, à Nuseirat, dans la bande de Gaza, le 2 juin 2025. (EYAD BABA / AFP)

Le largage d'aide humanitaire à Gaza est une "initiative ridicule", réagit, samedi 26 juillet, sur franceinfo Jean-Guy Vataux, chef de mission de Médecin Sans Frontières (MSF) pour la Palestine et Jérusalem, alors que le Royaume-Uni se prépare à larguer de l'aide humanitaire à la population de Gaza. Vendredi, un responsable israélien a annoncé que les largages d'aide humanitaire allaient reprendre rapidement dans la bande de Gaza, précisant que les Emirats arabes unis et la Jordanie piloteraient ces parachutages.

"Le largage d'aide humanitaire par avion, cela se fait quand on n'a pas d'accès terrestre à des populations", rappelle Jean-Guy Vataux. "C'est très cher et assez dangereux", et selon lui, "c'est inutile" à Gaza. "Les routes sont là, les camions sont là, la nourriture est là, tout est prêt pour amener l'aide humanitaire à Gaza. Il suffit que le Premier ministre [israélien] donne un coup de téléphone à l'armée pour lui dire d'ouvrir les portes de Gaza. Et on pourra commencer à résorber la situation de famine qui dure depuis plusieurs mois déjà", s'insurge Jean-Guy Vataux, qui juge que l'annonce du gouvernement israélien "relève du cynisme".

"Dire que ce qui manquait pour amener de la nourriture à Gaza, ce serait des avions, c'est un mensonge. Il faut une décision politique que le gouvernement n'a pas toujours pas prise."

Jean-Guy Vataux, chef de mission de Médecin Sans Frontières (MSF) pour la Palestine et Jérusalem

à franceinfo

Le chef de mission de MSF à Gaza témoigne de la famine qui "touche toutes les classes sociales" sur place, "nos collègues médecins, vos collègues journalistes, les avocats ont du mal à trouver à manger". Les classes populaires sont touchées "plus durement", souligne Jean-Guy Vataux. Les enfants sont "malnutris dans de grandes proportions". L'ONG constate "que les chiffres d'admissions pour malnutrition ont été multipliés par quatre en deux mois. La famine se répand de façon certaine et ce n'est pas une surprise. Ça fait plusieurs mois qu'il n'y a pas assez de nourriture qui rentre dans la bande de Gaza. C'est donc la conséquence logique".

Jean-Guy Vataux souligne que les personnels de MSF qui font "partie des classes moyennes" avec un emploi et ont "des revenus conséquents, ne parviennent plus, certains jours, à acheter des biens de subsistance. Et d'autres jours, ils y parviennent, mais à des prix prohibitifs". "C'est vraiment une famine qui touche toutes les classes sociales", alerte le coordinateur de l'ONG sur place.

Il rappelle que Gaza "est à la fois une zone de guerre et un camp de réfugiés". "C'est la première fois que je vois ça. D'habitude, les camps de réfugiés sont à quelques dizaines de kilomètres, en sécurité. Là, la grosse caractéristique, c'est que le peuple palestinien qui, en grande partie souhaiterait fuir cet enfer, ne le peut pas."

Les Palestiniens "parlent d'un cessez-le-feu", alerte encore le chef de mission de MSF. "C'est le gros espoir. Il faut absolument un cessez-le-feu pour interrompre la chaîne de mortalité qui est à l'œuvre aujourd'hui depuis plusieurs mois". Jean-Guy Vataux appelle à ce que la nourriture puisse rentrer "en quantité suffisante" sur le territoire. Et il plaide pour que les malades "qui ne pourront pas être soignés à Gaza" puissent sortir. Selon lui, "ils sont 14 000 sur une liste contrôlée par l'Organisation mondiale de la santé. Donc, il faut faire sortir ces gens-là pour les soigner dans les pays riches." Et il appelle la France et d'autres pays européens à accepter "de faire venir ces gens-là" pour "les soigner dans nos hôpitaux".

Vendredi, Paris, Berlin et Londres ont exhorté le gouvernement israélien à "lever immédiatement les restrictions sur l'acheminement de l'aide".

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