Reconnaissance de l'État de Palestine : "Je suis mitigé, c'est une reconnaissance diplomatique importante mais qui n'est pas réelle", estime Renaud Muselier, président Renaissance de la région Sud-PACA
Le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, réagit dans les "4V" du mardi 23 septembre à la reconnaissance de l'État de Palestine par Emmanuel Macron lundi soir. Une démarche qui aurait dû être accompagnée, selon lui, de décisions préalables.
La reconnaissance de l'État palestinien par Emmanuel Macron lundi soir à l'ONU divise. Si certains estiment qu'elle était nécessaire, d'autres regrettent qu'elle ne soit que symbolique. Invité à réagir dans les "4 Vérités" mardi 23 septembre, Renaud Muselier, président Renaissance du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, se dit "partagé" par la décision du Président, bien qu'il soutienne "la diplomatie française dans tous les cas de figure".
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Gilles Bornstein : Lundi soir, le président de la République a prononcé cette phrase à la tribune de l'ONU : "Le temps est venu. Fidèle à l'engagement historique de mon pays au Proche-Orient, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît aujourd'hui l'État de Palestine". Est-ce que, comme la salle hier à New York, vous applaudiriez ces paroles ?
Renaud Muselier : Je suis mitigé, partagé. La France a toujours une position assez claire, d'ailleurs, sur la reconnaissance de deux États. La question de savoir si vraiment le temps est venu, le temps aurait été parfaitement venu si les otages avaient été libérés, en réalité. Le Hamas, qui se cache derrière le peuple gazaoui et les Israéliens qui veulent récupérer leurs otages, entraîne un désastre à Gaza, donc, le temps aurait été venu si le temps des otages libérés était passé.
Donc, c'est la position de la droite, votre ancienne famille politique, vous auriez attendu une éventuelle libération des otages pour le faire ?
Je pense surtout que le Hamas aurait dû libérer les otages depuis longtemps et que ça montre bien leur volonté de faire pression sur la communauté internationale. Et dans cette pression sur la communauté internationale, on se rend bien compte quand même d'un isolement d'Israël puisque 152 pays ont reconnu l'État palestinien. Donc on est dans une situation extraordinairement compliquée, dans la mesure où, là, c'est une reconnaissance diplomatique importante mais qui n'est pas réelle en fait, puisque de toute façon ça doit passer par le Conseil de sécurité, et les Américains seront toujours contre. Il va donc y avoir des conséquences derrière, c'est-à-dire est-ce que la paix va arriver à Gaza parce que le temps est venu pour la paix, mais on en doute tous. Est-ce que ça peut arrêter les Israéliens ? Est-ce que les otages vont être libérés ? Et est-ce que ce conflit israélo-palestinien qui perdure va percuter la politique française ? Donc ça m'inquiète et ne me plaît pas trop.
"Il faut faire très attention à ne pas importer le conflit de l'extérieur dans notre pays"
Vous n'êtes pas observateur de la vie politique. Vous êtes acteur de la vie politique. Vous avez été, si je me souviens bien, secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Vous l'auriez fait ? Vous soutenez cette diplomatie du président de la République ou pas ?
Je soutiens la diplomatie française dans tous les cas de figure parce que la France doit avoir le même discours à l'extérieur. Mais la libération des otages est absolument indispensable et il faut protéger les juges de France. Il faut faire très attention à ne pas importer le conflit de l'extérieur ici dans notre pays. Donc oui, je soutiens mon pays dans tous les cas de figure et je soutiens le président de la République. Oui, je veux absolument que les otages soient libérés. C'est la condition sine qua non.
Vous l'avez dit, la guerre continue à Gaza. L'ONU a dit la semaine dernière qu'il n'y avait plus de risque de génocide, mais un génocide avéré. Est-ce que vous êtes de ceux qui considèrent que la France doit être plus dure avec Israël ? Amnesty International, par exemple, demande un embargo désormais total sur les ventes d'armes.
Non, Israël, c'est la seule démocratie de cette partie du monde. Là, on reconnaît potentiellement, puisque ce n'est pas le cas encore à l'ONU, mais la France le reconnaît, avec 140 autres pays, l'État de Palestine, pendant que les autres pays arabes ne reconnaissent pas Israël. Il faut qu'il y ait une juste répartition des charges dans les accords d'Abraham qui sont remis en cause à cause du 7 octobre. On se retrouve dans une situation, où, justement, ils ont fait marche arrière maintenant à cause de ce qu'il se passe à Gaza. C'est un cercle vicieux, politique, dramatique, humain, épouvantable, et il faut en sortir. Peut-être qu'il est temps de trouver le chemin de la paix, ce chemin a l'air ténu et étroit.
Vous avez voulu hisser des drapeaux français nombreux devant le fronton de l'hôtel de région, la région que vous présidez. Pourquoi pas, comme sur la tour Eiffel à Paris, des drapeaux israéliens et palestiniens unis par une colombe, symbole de paix ? Ça aurait été possible chez vous ?
Chacun fait ce qu'il souhaite. Si c'est intégré en France, le problème israélo-palestinien, j'y suis franchement opposé.
Non, c'est dire que la France reconnaît deux États.
Oui, mais c'est une façon de dire que, finalement, on met le drapeau palestinien sur le fronton de nos communes. Il n'y a que soixante et une, soixante-dix communes qui l'ont fait en France.
Mais vous êtes pour une solution à deux États ?
Oui, mais je suis surtout pour la France en France. Sur nos frontons, il y a écrit liberté, égalité, fraternité. En faisant ça, j'ai eu les plus gros résultats sur les réseaux sociaux depuis mon engagement politique, ça fait près de 40 ans. Les Français, ils veulent quelque chose qui fasse nation, pas quelque chose qui nous oppose en permanence les uns aux autres. Et là, de nouveau, on veut nous opposer les uns aux autres, donc je reste français, j'aime mon pays et vive la France. Et ce qui se passe à l'extérieur doit rester à l'extérieur.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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