Reportage "Je vais devoir m'installer dans une tente" : à Gaza, les déplacés palestiniens retournent dans des villes transformées en amas de ruines

Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration pour consolider le cessez-le-feu. Pendant ce temps, des centaines de milliers de déplacés gazaouis reviennent sur des terres dévastées.

Article rédigé par franceinfo
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Des centaines de milliers de Palestiniens ne retrouvent que des ruines en rentrant à Gaza-ville. (BASHAR TALEB / AFP)
Des centaines de milliers de Palestiniens ne retrouvent que des ruines en rentrant à Gaza-ville. (BASHAR TALEB / AFP)

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur entre Israël et le Hamas vendredi 10 octobre, les habitants de la ville de Gaza tentent de rentrer chez eux. Mais dans une ville où les logements ont été détruits ou endommagés à 92% selon l'ONU, le plus souvent ils ne trouvent que des gravats et de la poussière.

Jamal Foura a fait partie des premiers qui ont pris la route vers le nord, quand elle a rouvert vendredi. Déplacé depuis des mois dans le camp de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, il a eu du mal à reconnaître son quartier dévasté d'Al Zaytoun, à Gaza-ville. "J'ai trouvé ma maison, ma boutique, ma voiture, toutes sont détruites, relate-t-il*. Même la rue est complètement en ruine, avec nulle part où s'installer. Même pas d'eau, alors que l'eau, c'est la vie."

Comme beaucoup d'autres, Jamal a décidé de faire demi-tour et de revenir à Maghazi, un camp de réfugiés situés au centre de l'enclave palestinienne. De son côté, Salama Al-Haddad vivait dans une zone frontalière toujours interdite par l'armée israélienne. Il est retourné là-bas et a pu voir de loin les décombres de sa maison Impossible de s'établir à nouveau, mais dès qu'il le pourra Salama retournera vivre sur ses terres. "Je vais devoir m'installer dans une tente, près de ma maison en ruines. Je n'ai pas les moyens de payer un loyer et je préfère dormir sous la tente plutôt que de rester déplacé loin de chez moi", explique le Palestinien.

Reconstruire là où tout manque

Rester dans des quartiers fantômes où l'odeur de la mort est partout ou bien retrouver les villages surpeuplés de tentes pour déplacés, c'est le dilemme qui se pose à des centaines de milliers de Gazaouis depuis plusieurs jours. C'est pourquoi "les gens reviennent lentement que lors du premier cessez-le-feu en janvier", selon Olga Sherevko est la porte-parole de l'Ocha, l'agence onusienne en charge de l'aide humanitaire.

"Ça va prendre du temps", estime celle qui s'est rendue à Gaza-ville quelques jours après le cessez-le-feu. Comme les habitants, elle a été effarée par l'ampleur des destructions causées par l'armée israélienne au cours de son offensive terrestre démarrée mi-septembre. "C'est comme des couches de destruction, empilées les unes sur les autres, se désole Olga Sherevko. C'est ça que les gens ont découvert. Certains ne sont partis qu'une semaine ou deux et quand ils reviennent après les opérations terrestres, tout est détruit."

Face à l'afflux de déplacés qui reviennent dans le nord de l'enclave, l'Ocha a commencé à y renforcer son aide humanitaire, alors que sur place tout manque. Des camions-citernes d'eau sont affrétés tandis que l'électricité est petit à petit rétablie. Il faut également redoubler de soins médicaux ou encore lutter contre la malnutrition. Malgré l'espoir de mettre enfin terme à la guerre, les défis qui s'annoncent colossaux pour les Gazaouis.

*Propos recueillis par le journaliste gazaoui Rami Almaghari.

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