Prix Nobel de la paix : Maria Ressa et Dimitri Mouratov "sont des figures héroïques du journalisme", selon RSF
Le prix Nobel de la paix a été attribué conjointement aux journalistes Maria Ressa et Dimitri Mouratov pour leur défense de la liberté d'expression dans leur pays. "C'est un signal très fort", affirme Christophe Deloire.
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"C'est un sentiment de joie parce que c'est un formidable signal que vient d'envoyer le comité Nobel de la paix d'Oslo en honorant deux journalistes extraordinaires", a réagi Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), vendredi 8 octobre sur franceinfo après l'attribution du prix Nobel de la paix aux deux journalistes, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Mouratov. Ils "sont des figures héroïques du journalisme dans des pays où il faut un sacré courage pour faire ce métier", a-t-il salué.
franceinfo : Quelle est votre réaction après l'attribution du prix Nobel de la paix à deux journalistes ?
Christophe Deloire : C'est d'abord un sentiment de joie parce que c'est un formidable signal que vient d'envoyer le comité Nobel de la paix d'Oslo en honorant deux journalistes extraordinaires. C'est un signal très fort à un moment où le journalisme est affaibli, affronte de nouveau de nombreuses menaces. C'était très important de dire la contribution du journaliste à la concorde civile, à la paix, à la démocratie et à la capacité de chacun à contribuer à la résorption des grands problèmes qu'affronte l'humanité.
Le Kremlin salue le "courage" et le "talent" de Dimitri Mouratov. C'est du cynisme ?
Je suis incapable de sonder les reins et les cœurs du Kremlin et de ceux qui ont préparé le communiqué. Que le Kremlin ait écrit cela, alors qu'au quotidien les journalistes indépendants tels que ceux de Novaïa Gazeta font l'objet de brimades, cela montre que le pouvoir symbolique du prix Nobel, cela peut rappeler un certain nombre de principes, y compris à des pouvoirs comme celui du Kremlin. C'est la preuve que c'est un signal très fort. Ce prix est une forme d'appel à l'action. Cela permettra de mieux travailler encore sur ces questions parce que cette décennie qui s'est ouverte sera décisive pour le journaliste. C'est un moment crucial, au-delà du journalisme pour les démocraties. C'est le seul signal de la contre-attaque.
Qui est Maria Ressa ?
C'est une Philippine d'une cinquantaine d'années, qui a fondé le site d'investigation Rappler, le plus grand site d'investigation des Philippines. Un site très sérieux qui fait des révélations, dirigé par des femmes et qui est l'objet de pressions énormes, de procédures, d'une véritable persécution judiciaire de la part de la justice des Philippines et de la part du régime de Duterte. C'est quelqu'un avec qui on a beaucoup travaillé puisqu'elle a fait partie de la Commission internationale sur l'information et la démocratie qu'a créée Reporters sans frontières. Elle a récemment présidé un groupe de travail sur les infodémies, les épidémies de fausses informations, que nous avons créé aussi. C'est quelqu'un avec qui on travaille au quotidien, qu'on défend au quotidien puisqu'on a aussi une campagne en sa faveur. Toutes mes félicitations à Dimitri et à Maria pour cet hommage qui leur est rendu et qui, à travers eux, est rendu à tous les journalistes courageux qui font leur boulot sérieusement avec éthique.
Qui est Dimitri Mouratov ?
Dimitri Mouratov dirige Novaïa Gazeta. Anna Politkovskaïa était l'une des journalistes les plus célèbres de Novaïa Gazeta. Elle avait été assassinée dans sa cage d'escalier il y a quinze ans. C'est l'une des rédactions martyres, d'une certaine manière. Au fil de l'histoire, il y a eu cinq journalistes assassinés dans cette rédaction. Elle continue à faire son boulot sur la corruption, sur la Tchétchénie, dont les journalistes sont l'objet d'intimidations incessantes, parfois de violences. Il faut du cran. Ces deux personnages, Maria Ressa et Dimitri Mouratov, sont des figures héroïques quasiment du journalisme dans des pays où il faut un sacré courage pour faire ce métier.
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