Rencontre entre Trump et Nétanyahou : "Les États-Unis peuvent influencer le Hamas et Israël sur le chemin de la paix", selon l'historien militaire, le lieutenant-colonel Vincent Arbarétier

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6médias
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Le lieutenant-colonel Vincent Arbarétier, historien militaire et docteur en sciences politiques, est l'invité actu de la matinale du mardi 8 juillet 2025.

Le président américain Donald Trump a reçu Benjamin Netanyahou à dîner à Washington lundi 7 juillet dans la soirée pour espérer avancer sur la question du cessez-le-feu à Gaza. De son côté, le Hamas négocie aussi mais par l'intermédiaire du Qatar. Le lieutenant-colonel Vincent Arbarétier est l'invité de franceinfo pour décrypter ces rencontres géopolitiques et leurs conséquences sur la guerre que mène Israël en Palestine.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

Djamel Mazi : Les négociations sont à Doha, au Qatar, mais ces réunions dans le bureau ovale, est-ce qu'elles peuvent quand même faire avancer les choses ?

Vincent Arbarétier : Oui, dans la mesure où les États-Unis sont quand même la puissance qui peut faire avancer les choses. On l'a vu tant sur le plan militaire que sur le plan diplomatique. L'ONU étant quasiment absente du jeu politique. Et puis il n'y a pas d'autres puissances, si peut-être la Chine. Mais la Chine se fait quand même singulièrement absente du jeu international actuel. Donc oui, les États-Unis peuvent jouer un rôle important, parce qu'ils ont avec eux des pays arabes comme l'Arabie saoudite, l'Égypte. Des alliés sûrs qui peuvent influencer les affaires sur la bande de Gaza, et puis bien sûr Israël, qui a aidé durant cette guerre très courte contre l'Iran.

L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre cette semaine à Doha où se tiennent ces discussions au Qatar. Trump a estimé qu'il existait donc de bonnes chances de parvenir à un accord cette semaine. Généralement, on sait que Donald Trump est toujours optimiste lorsqu'il entame des négociations. Finalement, dans les faits, ce n'est pas très souvent le cas.

Là, il y a une fenêtre d'opportunité parce que l'Iran est affaibli. Donc l'Iran est moins en mesure de fournir des armes et des financements au Hamas. Et puis d'autre part, le Hamas, lui, a aussi été très usé dans sa guerre contre Israël, même si les Israéliens ont eu des pertes notables. Donc c'est lui aussi qui aurait intérêt à apparaître comme la seule autorité viable dans cette bande de Gaza qui, depuis des siècles, depuis Alexandre Le Grand ou depuis Napoléon Bonaparte, pose toujours des problèmes aux grands conquérants. Et donc curieusement, cette petite bande de quelques centaines de kilomètres carrés pose toujours des problèmes, à Israël comme à d'autres. Et là, on peut imaginer que les États-Unis, du fait de leur statut d'hyperpuissance, puissent influencer aussi bien le Hamas qu'Israël sur le chemin de la paix.

Rappel : il reste quarante-neuf otages à Gaza, dont une trentaine, a priori vingt-sept, déclarés morts par l'armée israélienne. Il s'agit aussi dans cet accord, dans ce projet d'accord de trêve, de restituer des otages vivants et des dépouilles, en échange de prisonniers palestiniens.

Oui. Alors en fait, le Hamas va tenter de se reconstituer à partir de cet accord. Le souci, c'est qu'ensuite, il va falloir qu'il ait une notoriété internationale, autrement qu'en tant que groupe de terroristes. Donc je pense qu'une des voies serait pour lui de reconnaître l'ennemi d'hier. A la fois pour se dissocier de l'Iran et pour incarner la légitimité palestinienne à Gaza. Et le fait est que Gaza est un pays très singulier, enfin une région très singulière, parce que c'est là qu'est né dans les années 50 le concept de fedayins, quand elle était sous administration égyptienne. Et dans les années 60-70, l'OLP, avant même d'exister, existait en Jordanie, mais Gaza a été le terreau des combattants palestiniens. Les Gazaouis d'origine sont assez faibles en nombre. Donc il s'agit pour le Hamas d'être légitime. Et pour être légitime, on peut toujours espérer qu'ils puissent, pourquoi pas, reconnaître l'État d'Israël. Et ce serait évidemment peut-être impossible. Mais vous savez, quand Sadate est allé vers Jérusalem, ça semblait aussi impossible. Et puis les accords qui ont eu lieu ensuite entre Israël et ses voisins arabes. Et là, je pense aussi qu'il y a une opportunité. Et c'est bien ce qu'a compris M. Netanyahou, puisqu'il est actuellement à Washington.

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