Reportage En Israël, les opposants au gouvernement Nétanyahou s'organisent en "patrouilles de la honte"

Les participants à ces actions suivent les ministres du gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour leur poser des questions en public et les mettre face à leur responsabilité.

Thibault Lefèvre

Radio France

Publié le 02/06/2025 11:42 Mis à jour le 02/06/2025 12:02

Temps de lecture : 2min

À Tel-Aviv, en Israël, des manifestants se sont rassemblés samedi 31 mai pour protester contre les attaques israéliennes en cours sur Gaza et pour exiger le retour des otages. (YAIR PALTI / ANADOLU via AFP)

La contestation monte contre le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou, accusé par ses opposants de continuer la guerre pour conserver le pouvoir et saper les fondements de la démocratie. Des dizaines de milliers de manifestants défilent tous les samedis dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem, mais d’autres sont passés à la vitesse supérieure.

"Tu es un incapable", "tu devrais avoir honte"

Parmi les victimes préférées des patrouilles de la honte, le ministre de l'Éducation Yoav Kisch. Sur une vidéo, c'est Nava Rozolyo en personne qui l'interpelle et lui demande des comptes lors d'un salon de l'innovation. "Quand des membres du gouvernement se trouvent n'importe où dans l'espace public, je récupère des informations que l'on m'envoie. Des gens me disent où ils sont et j'oriente alors les militants pour qu'ils partent à leur rencontre. Et ils leur disent en face : 'Tu es un incapable, tu es loyal envers Nétanyahou, mais pas vis-à-vis d'Israël. Tu devrais avoir honte et démissionner. Vis ta vie et laisse-nous reconstruire tout ce que tu as ruiné'", explique-t-elle.

Nava Rozolyo est aujourd'hui une des principales figures des manifestations contre Benyamin Nétanyahou. Et pourtant, rien ne destinait cette quarantenaire originaire de la très conservatrice ville de Jérusalem à prendre la tête de la contestation.

"Nétanyahou a sa propre chaîne de propagande. Il lave le cerveau du public."

Nava Rozolyo, militante israélienne
à franceinfo

"La plupart des membres de ma famille soutiennent le gouvernement et par habitude, ils croient ce que les dirigeants disent. Ils croient les mensonges qu'on leur raconte. Ma famille pense que pour être en sécurité, il faut continuer à se battre. Mais tu ne tues pas les derniers civils à Gaza pour préserver ta sécurité. Ça ne servira à rien à part permettre à Nétanyahou de rester au pouvoir", confie la militante.

L'émission de télévision phare de ce que les opposants de Benyamin Nétanyahou surnomment "sa machine à poison" s'appelle "Les patriotes". Et son présentateur défend évidemment la recolonisation de Gaza et s'amuse de la mort de Palestiniens.