Témoignages "Il y a 90% de probabilités de partir et de ne rien retrouver en revenant" : l'exode forcé des habitants de Gaza-ville, ciblée par l'armée israélienne

Article rédigé par franceinfo
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Des familles de Palestiniens tentent de fuir des bombardements dans la ville de Gaza, le 16 mai 2025. (BASHAR TALEB / AFP)
Des familles de Palestiniens tentent de fuir des bombardements dans la ville de Gaza, le 16 mai 2025. (BASHAR TALEB / AFP)

L'armée israélienne mène une nouvelle offensive sur la ville de Gaza, depuis mardi.

Au lendemain de l'annonce du début de l'offensive terrestre israélienne sur la ville de Gaza, les habitants fuient par milliers. L'armée israélienne estime que 40% de la population a déjà quitté la ville. Alors que les bombardements ne faiblissent pas, la panique semble s'être emparée, encore une fois, des habitants.

Avec l'intensification de l'offensive israélienne, Eyad Amawi, humanitaire, décrit des scènes de chaos : "Les gens jettent leurs meubles par les fenêtres des appartements ou les vendent pour en faire du feu car ils n'ont pas les moyens de les transporter. Des personnes malades sont parfois obligées de marcher sur des distances pouvant atteindre 15 ou 20 kilomètres. Tout ça pour se trouver dans des endroits sans eau, sans électricité, sans nourriture, sans toit, pas de sécurité. Et même là, ils continuent à être bombardés et tués."

"Faire ses adieux à sa famille, à sa maison"

Aucun endroit de Gaza ne semble sûr. De quoi inquiéter Chadi. Ce père de famille bloqué à Ramallah depuis le 7 octobre craint pour la vie de son épouse et celle de ses trois enfants qui hésitent encore à prendre la route pour une destination inconnue : "L'exode est quelque chose de très, très difficile. C'est très éprouvant. C'est très triste de devoir faire ses adieux à sa famille, à sa maison. On sait qu'il y a 90% de probabilités de partir et de ne rien retrouver en revenant. Ni rue, ni maison, ni proches ni voisins, ni la maison dans laquelle on a grandi", précise-t-il. Avant de préciser ne pas avoir revu sa famille depuis près de deux ans désormais.  Alors qu'un déluge de feu s'abat sur Gaza, il vit avec la hantise de ne jamais pouvoir le faire à nouveau.

Les civils déplacés tentent de survivre dans des tentes installées dans les endroits encore vacants du littoral, comme ici dans le secteur de Deir Al-Balah, le 16 septembre 2025. (AHMED JIHAD IBRAHIM AL-ARINI / AFP)
Les civils déplacés tentent de survivre dans des tentes installées dans les endroits encore vacants du littoral, comme ici dans le secteur de Deir Al-Balah, le 16 septembre 2025. (AHMED JIHAD IBRAHIM AL-ARINI / AFP)

Les Palestiniens de la ville de Gaza, survivent nuit après nuit avec la peur d'être ensevelis sous les décombres, témoigne Ahmad : "La situation est très compliquée. Nous ne pouvons ni entrer ni sortir, nous sommes surveillés par un drone. J'ai besoin d'eau pour les enfants, mais je ne suis pas capable de sortir. Si j'essaie, je serai tué et les enfants resteront seuls, assoiffés à m'attendre. Il y a des snipers autour de nous. Eux nous voient, mais nous, nous ne les voyons pas." Lui aussi envisage de quitter la ville où 70 000 logements ont été détruits depuis un mois selon la Défense civile de Gaza.

"Ça durera le temps qu'il faudra"

Cette nouvelle bataille pourrait durer au moins jusqu'à la fin de l'année et sans doute un peu plus. C'est en tout cas ce que prévoit l'armée israélienne qui va mobiliser, à tour de rôle, 130 000 réservistes pour les quatre prochains mois Son porte-parole, Effie Defrine s'est exprimé, mardi soir : "Nous concentrons nos efforts offensifs sur la ville de Gaza. Ça durera le temps qu'il faudra en suivant un plan que nous ajusterons jusqu'à ce que l'on atteigne nos objectifs de guerre. Les forces armées ont commencé leur attaque au cœur de la ville de Gaza. Les brigades qui se battent actuellement sont les brigades 98 et 162. La 36e se joindra à la manœuvre dans les jours à venir."

Deux brigades donc, près de 35 000 soldats, mobilisés pour opérer dans la ville de Gaza. Et une autre, qui a pour objectif, d'encercler le champ de bataille. Depuis mardi, c'est un véritable siège, qui se met en place. L'armée israélienne craint les snipers et les engins explosifs improvisés, et elle avance donc très prudemment. La campagne de bombardements massifs devrait durer encore quelques jours, avant une offensive au sol plus soutenue. L'armée israélienne estime que plus de 2 500 miliciens du Hamas combattent aujourd'hui dans la ville de Gaza.

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