Nucléaire iranien : qu'est-ce que l'accord va changer pour l'Iran ?
Un accord-cadre sur le nucléaire iranien a été trouvé à Lausanne, jeudi 2 avril, entre Téhéran et les grandes puissances.
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Concerts de klaxons, piétons dansant dans les rues, drapeaux brandis sur les voitures... Téhéran était en liesse, jeudi 2 avril au soir, après l'annonce qu'un accord-cadre a été trouvé à Lausanne sur le nucléaire iranien.
A l'issue de huit jours d'un incroyable marathon diplomatique en Suisse, les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran sont en effet parvenus à s'entendre sur les "paramètres clés" pour résoudre ce dossier. Qu'est-ce que cet accord-cadre, préalable à un accord final qui doit être conclu d'ici le 30 juin, peut changer à la situation de la République islamique d'Iran ?
La levée des sanctions
Pourquoi Téhéran était-elle en fête jeudi soir ? Parce que les Iraniens espèrent une suppression rapide des sanctions internationales qui ont durement frappé le pays ces dernières années et l'ont poussé à venir à la table des négociations. Téhéran a vu chuter plus de 50% de ses exportations pétrolières, et 100 milliards de dollars de ses revenus pétroliers ont été gelés. Les sanctions ont en effet asphyxié les exportations pétrolières, vitales pour l'économie iranienne.
De plus, quatre résolutions de l'ONU ont été adoptées entre 2006 et 2010, gelant les avoirs d'individus, banques ou entreprises jugées liées au programme nucléaire.
Ces lourdes sanctions seront levées au fur et à mesure si l'Iran respecte ses engagements dans le cadre de l'accord final censé être conclu d'ici fin juin avec les grandes puissances.
La perspective de voir les sanctions levées réjouit aussi, d'ailleurs, les autres signataires. Car, note Bernard Hourcade, spécialiste de l'Iran, sur le journal en ligne Orient XXI, "les entreprises internationales ont multiplié les séminaires, les approches, les contacts, pour préparer leur retour dans ce pays". Avec ses 78 millions d'habitants et une population particulièrement jeune, l'Iran apparaît comme un grand marché de consommateurs à conquérir.
Des coopérations avec les Etats-Unis
L'accord-cadre trouvé à Lausanne doit beaucoup à la ténacité du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui a ainsi servi le grand dessein de Barack Obama : réconcilier les Etats-Unis et l'Iran pour apaiser les conflits au Moyen-Orient. Sérieux bémol : confrontés à l'opposition de leurs conservateurs respectifs, les présidents américains et iranien sont loin de pouvoir normaliser les relations entre les deux pays.
Barack Obama et Hassan Rohani poursuivront néanmoins leur discrète coopération sur les crises régionales. Depuis des mois, en effet, Américains et Iraniens ont élargi leurs pourparlers sur le nucléaire à la lutte contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. John Kerry avait même reconnu, en février, que Washington et la puissance chiite avaient un "intérêt commun" à combattre l'organisation ultraradicale sunnite.
Et même si les Etats-Unis nient toute "coordination militaire" avec l'Iran contre l'Etat islamique, ils ont été de facto alliés dans la bataille de Tikrit, dans le nord de l'Irak. En Afghanistan aussi, l'Iran et les Etats-Unis ont des raisons de collaborer, soudés par leur volonté d'empêcher le retour au pouvoir des talibans. A la chute du régime islamiste de Kaboul fin 2001, Américains et Iraniens avaient d'ailleurs coopéré pour mettre sur pied le régime de l'ancien président Hamid Karzaï. Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif, un des grands artisans de l'accord sur le nucléaire, était le négociateur iranien de l'époque pour l'Afghanistan.
La sortie de l'isolement
Au-delà des coopérations ponctuelles avec les Etats-Unis, le géographe Bernard Hourcade juge, dans Orient XXI, que cet accord peut réintégrer Téhéran dans le jeu diplomatique, pour obtenir un nouvel équilibre entre puissances régionales.
L'auteur note en effet que l'ostracisme dont a été victime l'Iran pendant trente ans, depuis l'avènement de la République islamique en 1979, a profité "à la Turquie mais surtout à l'Arabie saoudite et aux monarchies pétrolières". Autant de pays qui ont financé ou encouragé les sunnites radicaux.
Les Etats-Unis comme d'autres peuvent donc avoir intérêt à ce que l'Iran, ennemi juré des jihadistes de l'Etat islamique, reprenne un peu plus de place dans la région. Selon Orient XXI, "l’accord sur le nucléaire et la normalisation des relations avec l’Iran pourraient rééquilibrer les relations politiques et contribuer à mettre fin aux conflits meurtriers qui opposent les deux leaders régionaux sur les champs de bataille de Syrie, d’Irak, de Palestine, du Liban et depuis peu du Yémen".
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