Jihadistes françaises en Syrie : "C'est notre échec, notre histoire, c'est à nous de les juger"
Marie Dosé, l'avocate d'une jihadiste arrêtée en Syrie, demande jeudi sur franceinfo au président de la République le transfert de sa cliente en France, afin que celle-ci soit jugée par la justice française.
"Toutes celles qui sont parties et qui sont françaises, c'est notre échec, notre histoire, c'est à nous de les juger", explique jeudi 4 janvier sur franceinfo Marie Dosé, avocate d’une femme jihadiste, arrêtée en Syrie. Celle-ci demande à Emmanuel Macron dans une lettre son transfert en France pour "répondre de ses actes" devant la justice française. Sa cliente a "une vingtaine d'années". Elle est partie en Syrie en juillet 2014 et aurait été arrêtée par les forces kurdes il y a deux mois. "Elle fait partie de toutes ces femmes qui sont parties à un moment donné, d'abord radicalisées, ensuite voulant se marier avec un jihadiste. Elle est partie pour cela", décrit Marie Dosé.
"On est tout à fait capables de les juger"
"C'est la force de nos institutions de la juger, estime l'avocate. Si on considère que notre justice n'est pas capable de cela et qu'il faut la laisser soit à l'obscurantisme, soit à une justice qui exécute en masse et qui ne respecte aucun droit, et bien nous avons perdu la guerre contre l'obscurantisme puisque nous lui faisons confiance pour juger ce que notre République a créé de pire."
Marie Dosé "entend qu'il est extrêmement agaçant que ces femmes se présentent comme des victimes", que ce soit "inaudible". Pour autant, pour l'avocate, cela ne signifie pas que ces femmes ne doivent pas revenir en France afin d'être jugées.
"La justice antiterroriste française n'est pas une justice antiterroriste laxiste, rappelle Marie Dosé. Comme avocate de la défense, je sais à quel point les juges sont extrêmement durs, le parquet est extrêmement dur. Nous sommes tout à fait capable de les juger, assure-t-elle, de démêler ce qui relève du cinéma ou de la mise en scène et ce qui relève à un moment donné d'un vrai repenti." "Si on considère que parce que ces personnes ont commis le pire, elles méritent le pire, on a perdu la guerre contre le terrorisme."
Ces femmes appartiennent à notre histoire. Elles sont nées dans nos quartiers. Ces foyers de radicalisation sont nés en France.
Marie Dosé, avocatefranceinfo
C'est pourquoi Marie Dosé a "sollicité l'Elysée" pour le rapatriement de sa cliente même si elle n'a"pour l'instant aucune réponse". Elle s'interroge ainsi sur le rapatriement "au cas par cas" des jihadistes prôné par le président Emmanuel Macron. "Le cas par cas, c'est le début de l'arbitraire", défend-elle. "Sur quel critère ? Sur quel fondement ? Qui décide et sur quoi que celle-ci doit être rapatriée mais pas celle-là ?, se demande-t-elle. Il va falloir nous fixer les choses clairement sur cette petite phrase lancée par Emmanuel Macron il y a plusieurs semaines mais qui n'a jamais été explicitée."
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a cependant estimé jeudi 4 janvier sur RMC et BFMTV que ces femmes jihadistes françaises arrêtées dans le "Kurdistan syrien" seront "jugées là-bas". Mais à une condition : que les institutions judiciaires locales soient "en capacité d'assurer un procès équitable" avec des "droits de la défense respectés".
Cette déclaration intervient alors qu'une autre française soupçonnée de jihadisme, Emilie König, une Bretonne âgée de 30 ans, a demandé son rapatriement aux autorités françaises par la voix de son avocat. Elle est soupçonnée d'être l'une des recruteuses les plus influentes du groupe État islamique. En 2015, les États-Unis l'ont placée sur la liste noire des terroristes les plus recherchés au monde. Elle a été arrêtée mardi 3 janvier au Kurdistan syrien.
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