"C'est vraiment un mec d'extrême droite" : qui est Tommy Robinson, activiste à l'origine d'une marche "pour la liberté d'expression" à Londres ?

L'activiste d'extrême droite Tommy Robinson appelle, samedi 13 septembre, ses partisans à se rassembler en plein centre de Londres pour défendre "la liberté d'expression". À 42 ans, le Britannique, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennonest, est devenu l'une des figures de l'islamophobie dans le pays. Malgré ses nombreux passages en prison, il mobilise de plus en plus et gagne en influence.

Sur des vidéos postées en ligne, on peut l'entendre déblatérer sur les "problèmes de la culture islamique". Depuis des années, l'influenceur attise la haine sur les réseaux sociaux. Cet activiste anti-islam autoproclamé est suivi par un million et demi de personnes sur son compte X. Il est notamment soupçonné d'avoir encouragé les émeutes anti-immigrés l'été dernier au Royaume-Uni, après le meurtre de trois fillettes, relayant à tort que l'auteur du crime était un demandeur d'asile. 

"Non seulement un fasciste, mais aussi un lâche"

Tommy Robinson est également le cofondateur de l'ex-groupuscule islamophobe English Defence League, issu de la mouvance hooligan. Il a d'ailleurs été condamné à plusieurs reprises pour hooliganisme, troubles à l'ordre public, recel de drogue et agression d'un policier, et vient de sortir de prison. Il sera toutefois à nouveau jugé dans un an pour avoir refusé de donner le code PIN de son téléphone portable, que la police lui réclamait dans le cadre de la loi sur le terrorisme.

Malgré ses ennuis judiciaires, sa popularité grandit, et dans les manifestations anti-immigrés, les gens scandent son nom. Tommy Robinson a même reçu le soutien du milliardaire américain Elon Musk, qui avait appelé en janvier dernier à sa libération. Samedi midi, plusieurs figures internationales de l'extrême droite seront à ses côtés lors de la manifestation, notamment Steve Bannon, l'ancien conseiller de Donald Trump, mais aussi Éric Zemmour. D'après un tweet de Tommy Robinson, le fondateur de Reconquête! tiendra même un discours lors "du plus grand rassemblement patriotique que le monde ait jamais vu".

Face à cette mobilisation d'extrême droite, une contre-manifestation s'organise, menée par plusieurs ONG. "Tommy Robinson c'est vraiment un mec d'extrême droite", alerte Tommy Olliver, membre de Stand Up to Racism (Debout contre le racisme). "Il a publié des messages vraiment écœurants sur les personnes de couleur, en particulier les musulmans", poursuit le militant.

"Il cible les musulmans sans relâche, il en parle comme s’ils agissaient tous pareils, qu’ils étaient tous mauvais"

Tommy Olliver, de l’ONG de Stand Up to Racism

à franceinfo

Pour Tommy Olliver, il est clair que Robinson "manipule les foules en colère". "Il les envoie devant des hôtels pour demandeurs d'asile, rappelle-t-il. Et quand les choses deviennent trop violentes, il recule et quitte le pays. C'est donc non seulement un fasciste, mais aussi un lâche."

"Il est très facile de blâmer les migrants"

Si l'ascension de Tommy Robinson est aussi fulgurante, c'est notamment à cause des politiques, estime Seema Syeda, porte-parole de l'ONG Global Justice. "Il essaie donc de blâmer les immigrés pour tous les problèmes qui se produisent dans la société britannique, fustige-t-elle.

"Un phénomène similaire se produit en France, où la crise du coût de la vie est l'une des principales raisons pour lesquelles les gens votent pour l'extrême droite."

Seema Syeda, de l'ONG Global Justice

à franceinfo

"Nous avons des politiciens, comme [Keir] Starmer, ou Macron, qui ne savent pas gérer cette crise économique", poursuit Seema Syeda. Elle conclut : "Des personnalités comme Tommy Robinson, qui mènent cette politique haineuse, obtiennent de plus en plus de soutien parce que les gens en ont assez d'un système qui ne prend pas soin d'eux et cherchent quelqu'un à blâmer. Et il est très facile de blâmer les migrants".

Les dernières marches de Tommy Robinson ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Plusieurs associations et élus ont appelé le gouvernement à interdire cette manifestation, mais 1 600 policiers seront bel et bien présents pour l'encadrer.