: Témoignage "Après cette attaque, je pense qu'on doit vraiment s'en aller" : l'émotion d'une mère de famille juive après l'attentat devant une synagogue de Manchester

Le choc. Deux personnes sont mortes et quatre ont été grièvement blessées devant une synagogue très fréquentée pour la fête de Yom Kippour, jeudi 2 octobre, à Manchester, en Angleterre, au cours d'un attentat dont l'auteur a été abattu par la police. Selon la police locale, l'auteur de l'attaque est un Britannique de 35 ans d'origine syrienne. Les deux personnes qui ont perdu la vie sont des hommes membres de la communauté juive, selon la police.

Il a dirigé sa voiture sur des personnes qui se trouvaient à l'extérieur de la synagogue d'Heaton Park à Crumpsall, dans le nord de l'agglomération de Manchester, avant de sortir de son véhicule et de s'en prendre à elles avec un couteau.

Trois autres suspects en garde à vue

Arrivé au Royaume-Uni lorsqu’il était encore enfant, il a obtenu la nationalité britannique en 2006, avant ses 18 ans. Il n’avait, par le passé, jamais fait l’objet d’un signalement dans le cadre du programme de prévention de l’extrémisme. Stephen Watson, chef de la police de Manchester, a tenu à saluer la bravoure des fidèles intervenus pendant l’attaque : "Il y avait de nombreux fidèles devant la synagogue au moment de l'attaque. Grâce au courage des agents de sécurité et des fidèles ainsi que de la police qui est intervenue rapidement, l'assaillant n'a pas pu rentrer dans le bâtiment et a été abattu seulement sept minutes après le premier appel."

Deux hommes âgés d'une trentaine d'années et une femme âgée d'une soixantaine d'années sont actuellement en garde à vue, soupçonnés d'avoir commis, préparé et incité à commettre des actes terroristes. La police tente encore de comprendre leur motivation exacte.

"Je suis effrayée"

Après cette attaque, et dans un contexte où le nombre d'incidents antisémites atteint des sommets dans le pays, la communauté juive ne cache pas sa colère. "On savait que ça allait arriver", lancent quelques-uns des 30 000 fidèles de la région de Manchester, furieux. Dans ce quartier d'Heaton Park à Crumpsall, dans le nord de l'agglomération mancunienne, certains sont venus prier la mémoire des deux victimes, sauvagement assassinées, derrière les rubans jaunes de la police.

Beaucoup refusent de s'exprimer publiquement. Chan est l'une des seules à accepter de répondre : "Je suis effrayée. J'ai très peur que ce genre d'attaque se multiplie au Royaume-Uni avec l'immigration qui augmente, l'antisémitisme qui augmente... Avant, ici, c'était moins répandu. Mais maintenant je pense qu'on va avoir de plus en plus d'attaques ici dans les années qui arrivent", estime cette mère de deux enfants. 

Chan se dit "bousculée" à l'université par les manifestations pro-Gaza. Elle ne cache plus son désir de partir : "Je veux quitter ce pays oui ! Je disais à mon mari qu'il était temps de quitter l'Angleterre, mais après l'attaque, je pense qu'on doit vraiment s'en aller. Je n'ai plus d'espoir pour l'avenir des Juifs dans ce pays. Je ne me sens plus en sécurité."

Vague antisémite historique

Après l'attaque, le Premier ministre Keir Starmer s’est rendu dans une synagogue de Londres. Dans une intervention télévisée, il a appelé à lutter contre la montée de l’antisémitisme : "C'est une haine qui monte une fois de plus, et la Grande-Bretagne doit la vaincre une fois de plus. C'est un pays qui résiste à la haine, mais la Grande-Bretagne est aussi un pays où les bâtiments, les synagogues et les écoles exigent une surveillance 24 heures sur 24 à cause de la menace quotidienne de la haine antisémite, et nous devons la vaincre encore une fois."

Dans son dernier rapport, l’Organisation de protection de la communauté juive britannique a recensé 1 521 incidents antisémites au cours des six premiers mois de l’année, du jamais-vu depuis de nombreuses années au Royaume-Uni.