Guerre en Ukraine : Dmitri Medvedev, l'ex-chef d'Etat russe qui n'existe plus que par ses provocations dans l'ombre de Vladimir Poutine
Celui qui fut président de la Russie de 2008 à 2012 ne se fait remarquer aujourd'hui que par ses déclarations choc, notamment en ligne. Ses récentes menaces ont provoqué la colère de Donald Trump, qui a annoncé vendredi le déploiement de deux sous-marins nucléaires.
Autrefois, il était considéré comme un réformateur libéral au sein du Kremlin, passionné de nouvelles technologies. Dmitri Medvedev se distingue aujourd'hui par des déclarations provocatrices à l'égard des Etats-Unis, contribuant à intensifier les tensions entre Moscou et Washington.
Alors que Donald Trump a lancé, mardi, un ultimatum de dix jours à la Russie pour cesser les hostilités en Ukraine, menaçant Moscou de sanctions économiques sévères, Dmitri Medvedev a répondu au chef d'Etat par messages interposés. "Chaque nouvel ultimatum est un pas de plus vers la guerre. Pas avec l'Ukraine, mais avec son propre pays", a-t-il écrit sur son compte X. "Qu'il se souvienne de la dangerosité de la main morte, a-t-il ensuite lancé, jeudi, sur sa chaîne Telegram, faisant référence à un système de dissuasion russe conçu durant la guerre froide pour envoyer des missiles nucléaires en cas de destruction des postes de commandement.
Des propos perçus comme une menace nucléaire par Donald Trump, qui a "ordonné que deux sous-marins nucléaires soient positionnés dans les zones appropriées, au cas où ces déclarations idiotes et incendiaires soient plus sérieuses que cela". Une nouvelle illustration spectaculaire du tournant offensif pris par l'ancien Premier ministre et chef d'Etat russe, depuis le lancement de la guerre en Ukraine, début 2022. Ce revirement illustre la marginalisation du clan libéral du poutinisme, dont il était un des meneurs, face à la prise d'influence du clan rival des "siloviki", celui des militaires et services de sécurité.
Dans l'ombre de Vladimir Poutine
Il faut revenir à la période allant de 2008 à 2012 pour voir le nom de Dmitri Medvedev au premier plan. "Dima" est alors élu président de la fédération de Russie, puisque Vladimir Poutine, son mentor, ne peut pas enchaîner deux mandats consécutifs selon la Constitution. Les deux hommes, nés à Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg), se sont rencontrés en 1990, au début de leurs carrières politiques respectives. Dmitri, juriste de formation, est alors conseiller de la mairie de la ville, où Vladimir Poutine ne cesse de gravir les échelons et de gagner en influence.
L'homme entre dans la garde rapprochée de l'ex-agent du KGB. C'est le point de départ d'une carrière dans l'ombre de Poutine. Dmitri Medvedev est ainsi nommé en 1999 directeur adjoint de l'administration présidentielle, puis Premier vice-président en 2005, avant d'être choisi pour représenter le parti au pouvoir en 2008. Même chef d'Etat, Dmitri Medvedev reste perçu comme une sorte de lieutenant de Vladimir Poutine, qui reste son Premier ministre.
Un président russe "moderne"
Pendant ses quatre années de mandat, l'homme parvient tout de même à imprimer sa propre marque à l'exercice du pouvoir. "Il porte l'héritage d'un courant libéral économique en perte de vitesse, mais qui existe encore", soulignait Olga Gille-Belova, maîtresse de conférence en civilisation russe contemporaine à l'université de Bordeaux, à franceinfo en 2023.
D'abord en se rapprochant du président américain Barack Obama, en 2010, dans une volonté de relancer la relation avec les Etats-Unis. Ensuite, en modernisant l'image du chef d'Etat russe auprès des Occidentaux. Amateur de rock, fan déclaré du groupe américain Linkin Park, il cultive alors une image de féru de nouvelles technologies, visitant la Silicon Valley, brandissant un iPhone présenté par le fondateur d'Apple Steve Jobs ou encore inaugurant son compte Twitter dans les locaux de l'entreprise.
Ce rapprochement avec les Occidentaux se traduit, en politique internationale, par la simple abstention de la Russie, plutôt qu'un veto, lors du vote d'une résolution sur la Libye au Conseil de sécurité de l'ONU en 2011. Une décision qui permettra à l'Otan de lancer l'intervention militaire qui conduira au renversement de Mouammar Kadhafi, mais qui suscitera la réprobation de Vladimir Poutine, comparant le texte aux "appels médiévaux en faveur des croisades". Dmitri Medvedev répond en jugeant les propos de Vladimir Poutine "inacceptables".
A l'intérieur du pays, il vante les vertus d'une "modernisation" fondée sur l'innovation technologique. "Il tente aussi de proposer quelques mesures de libéralisation politique, et les grandes manifestations de 2011 et 2012 lui sont d'ailleurs reprochées, comme un effet indésirable de son discours", expliquait la chercheuse Olga Gille-Belova. La modernisation russe reste en grande partie autoritaire, décidée par les élites.
Devenu Premier ministre après le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en 2012, il s'efface progressivement. Réduit aux questions techniques, il capte le mécontentement des Russes face aux difficultés économiques. Il est remercié en 2020, après la réforme constitutionnelle permettant à Vladimir Poutine de prolonger ses mandats.
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