Reportage La Pologne recense les sous-terrains qui pourraient servir d'abris en cas d'attaque aérienne russe

Dans le pays, seulement 4% des maisons sont équipées d'abris. Les Polonais se préparent de plus en plus à une éventuelle attaque russe.

Article rédigé par franceinfo
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Les autorités sont sur les lieux où des drones russes se sont abîmés dans le village de Wyryki-Wola, dans l'est de la Pologne, le 10 septembre 2025. (WOJTEK RADWANSKI / AFP)
Les autorités sont sur les lieux où des drones russes se sont abîmés dans le village de Wyryki-Wola, dans l'est de la Pologne, le 10 septembre 2025. (WOJTEK RADWANSKI / AFP)

En Pologne, la menace d’une attaque aérienne de la part de la Russie est de plus en plus concrète dans la tête des habitants, surtout dans les villes frontalières de l’Ukraine, à l'est. Dans la petite ville de Chelm, certains se demandent déjà où ils pourraient se cacher en cas d’attaque aérienne. Comme partout ailleurs en Pologne, les abris antiaériens ont été construits durant la Guerre froide et ne sont plus aux normes. Franceinfo a suivi les équipes de la mairie de Chelm, elles évaluent le potentiel des souterrains de la ville qui pourraient éventuellement être convertis en refuges.

Un trousseau de clefs à la main, Hubert Trusiuk pénètre dans l’enceinte d’une des écoles primaires de la ville pour honorer son rendez-vous. "Bonjour Madame la directrice, lance-t-il, je vais vous montrer à quoi ressemble le refuge dont vous pourrez vous servir avec les enfants." Depuis plusieurs semaines, le responsable Sécurité et gestion de crise à la mairie de Chelm fait la tournée des bâtiments de la petite ville située à la frontière ukrainienne. Sa mission : déterminer si leurs sous-terrains et leurs caves pourraient servir d’abris en cas d’attaque aérienne.

La cheffe d'établissement, elle, découvre pour la première fois les 150 m2 de couloirs et de salles aménagés sous son école au cours de la Guerre froide. En cas d’évacuation, c’est elle qui sera responsable de la mise en sécurité des enfants. "Dites-moi, on peut abriter combien de personnes ici ?", demande-t-elle. "Environ 70, mais c’est vous qui jaugerez en faisant les exercices d’évacuation", lui répond Hubert Trusiuk.

En avançant tout au fond du couloir principal, la directrice découvre un espace semblable à une salle de classe, avec tables, chaises et tableau à craie. Mais dans la pièce d’à côté, des masques à gaz, des combinaisons ignifuges et des munitions encombrent encore les étagères poussiéreuses. "Ici, dans les années 70 et 80, cet endroit servait de centre de coordination de la défense civile de la région, d’où l’aspect particulier. Là, on se trouve dans le centre d’opérations", expose l'agent municipal.

"On nous pose différentes questions"

Hubert Trusiuk la met toutefois en garde, ce souterrain, comme ceux de toute la ville, ne remplit pas les normes d’un abri antiaérien conventionnel : "Cet endroit ne remplira jamais les critères actuels d’un vrai abri antiaérien car il n’est pas hermétique. Mais on peut au moins changer le système de ventilation, les moyens de communication avec l'extérieur, et tenter de rendre les portes étanches."

Mais comme dans d’autres villes du pays, le financement de la protection civile repose aussi sur les épaules des particuliers. Or, à Chelm, l’incursion d’une vingtaine de drones russes dans l’espace aérien polonais, début septembre, et l’alerte aérienne qui a retenti quelques jours plus tard ont fait prendre conscience aux habitants de la proximité du danger. "Depuis que les sirènes ont retenti en septembre, on a reçu des coups de fil d’habitants qui voulaient faire évaluer leurs caves et savoir si elles pouvaient servir d'abris, explique Hubert Trusiuk. On nous pose différentes questions, sur le ravitaillement en eau par exemple, et, dans le cas où la guerre arriverait vraiment jusqu’à nous, sur la façon dont se déroulerait l’évacuation de la ville." Aujourd’hui, les rares abris antiaériens encore fonctionnels dans le pays ne pourraient accueillir que 4% des Polonais en cas d’attaque aérienne.

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