"Sofagate" : querelle protocolaire sur fond de rivalité entre responsables européens
La différence de traitement entre la présidente de la Commission européenne et le président du Conseil européen lors d'un entretien à Ankara avec le président turc a provoqué de nombreuses réactions indignées. Les autorités turques affirment avoir respecté le protocole.
"C'est injuste" : c'est ainsi que la Turquie - par la voix de son ministre des Affaires Etrangères - a réagi jeudi 8 avril aux accusations d'avoir sciemment voulu humilier la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen en la reléguant sur un canapé - une "ottomane" - alors que le président du Conseil européen Charles Michel et le président turc Erdogan se faisaient face dans deux fauteuils pour une discussion de près de trois heures, à Ankara.
Préséance protocolaire pour le président du Conseil européen
Selon le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, les règles protocolaires de l'Union européenne ont été bien suivies : "Les demandes de l'UE ont été respectées. Cela veut dire que la disposition des sièges a été réalisée à leur demande. Nos services de protocole se sont rencontrés avant la réunion et leurs demandes (de l'UE) ont été respectées", a-t-il déclaré à l'occasion d'une conférence de presse. En l'occurrence, ce sont les services de l'ambassadeur de l'Union européenne en Turquie qui ont assuré le réglage de l'organisation de l'entrevue entre Recep Tayyip Erdogan et les deux responsables européens. Et la hiérarchie protocolaire a été effectivement strictement respectée puisque d'un point de vue protocolaire, le président du Conseil européen Charles Michel dispose d'une certaine préséance par rapport à la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen.
D'ailleurs Charles Michel le reconnaît dans une réaction postée mercredi soir sur sa page Facebook, les Turcs ne sont à blâmer que par excès de zèle : "En dépit d'une volonté manifeste de bien faire, l'interprétation stricte par les services turcs des règles protocolaires a produit une situation désolante : le traitement différencié, voire diminué, de la présidente de la Commission européenne", écrit-il. Mercredi pourtant le porte-parole de la Commission Eric Mamer affirmait que "le rang protocolaire de la présidente est exactement le même que celui du président du Conseil européen". Et le son de cloche côté Commission restait le même jeudi. Selon cette interprétation, la préséance protocolaire du président du Conseil sur celui - ou celle - de la Commission ne s'applique qu'à l'ordre des salutations : "À la Commission, on estime que (...) l'ordre de préséance veut qu'on salue Charles Michel avant Ursula von der Leyen à leur arrivée sur le perron, mais il ne met pas en cause l'égalité de rang des deux dirigeants, en vertu de laquelle ils doivent être placés de la même manière", faisait-on valoir dans la presse bruxelloise.
Rivalités intra-européennes
Démenti par l'exemple de Jean-Claude Juncker quelques heures plus tard : l'ancien président de la Commission reconnaît bien une préséance protocolaire du président du Conseil européen sur celui de la Commission et souligne qu'il se pliait de bonne grâce à cette hiérarchie protocolaire.
Bref : la tempête autour de ce que l'on a appelé le Sofagate sur les réseaux sociaux semble bien être avant tout européano-européenne, sur fond de rivalité sourde entre les présidents des différentes institutions européennes. Il faut dire qu'ils sont nombreux. D'ailleurs il ne faudrait pas oublier le 3e président européen, celui du Parlement, lequel pourrait mettre tout le monde d'accord : dans l'ordre protocolaire en tout cas c'est lui qui, normalement, occupe la première place. Il est d'ailleurs le seul des trois présidents européens à avoir été élu.
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