Une revue turque publie un dessin accusé de représenter Mahomet, des affrontements éclatent à Istanbul

La caricature met en scène deux personnages dont l'un affirme "Je suis Mohammed". La justice a ordonné l'arrestation du dessinateur et de plusieurs collaborateurs du magazine, qui affirme que son dessin a été mal interprété.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants dénonçant un dessin accusé de représenter Mahomet rassemblés à Istanbul, le 30 juin 2025. (OZAN KOSE / AFP)
Des manifestants dénonçant un dessin accusé de représenter Mahomet rassemblés à Istanbul, le 30 juin 2025. (OZAN KOSE / AFP)

Le magazine se défend d'avoir voulu représenter le prophète des musulmans. Des affrontements ont éclaté à Istanbul, lundi 30 juin, en réaction à la publication d'un dessin accusé de montrer Mahomet par une revue satirique d'opposition. Selon un correspondant de l'AFP, plusieurs dizaines de personnes en colère ont attaqué un bar fréquenté par le personnel du magazine Leman, dans le centre de la plus grande ville de Turquie. Les échauffourées ont rapidement dégénéré et impliqué 250 à 300 personnes, la police employant des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Plus tôt, le procureur général d'Istanbul avait ordonné l'arrestation de rédacteurs et collaborateurs du magazine, accusés d'avoir publié un dessin qui "dénigre ouvertement les valeurs religieuses". Le ministre de l'Intérieur turc, Ali Yerlikaya, a annoncé quatre arrestations, dont celles de l'auteur du dessin, signé des initiales "D.P.", du graphiste et de deux responsables de la publication. Le ministère de la Justice a délivré six mandats d'arrêt, visant notamment le rédacteur en chef et le directeur de la publication, qui se trouvent tous deux à l'étranger.

"Ces individus sans vergogne devront répondre de leurs actes devant la justice", a écrit Ali Yerlikaya sur le réseau social X. "Le manque de respect envers nos croyances n'est jamais acceptable", a abondé sur le même réseau social le ministre de la Justice, Yilmaz Tunc. "La caricature ou toute autre forme de représentation visuelle de notre Prophète porte non seulement atteinte à nos valeurs religieuses, mais aussi à la paix sociale". Le bureau du procureur général a annoncé avoir "lancé une enquête sur la publication d'un dessin dans le numéro du 26 juin 2025 du magazine Leman qui dénigre ouvertement les valeurs religieuses".

Un dessin "mal interprété", se défend le magazine

Joint par l'AFP, le rédacteur en chef du magazine, Tuncay Akgun, a assuré que l'image avait été mal interprétée. "Ce dessin n'est en aucun cas une caricature du prophète Mahomet. Dans cette œuvre, c'est le nom d'un musulman qui a été tué lors des bombardements d'Israël, il a été appelé Mohammed, c'est une fiction. Plus de 200 millions de personnes dans le monde islamique s'appellent Mohammed", a-t-il déclaré. "Cela n'a rien à voir avec le prophète Mahomet. Nous ne prendrions jamais un tel risque", a-t-il ajouté.

Une copie de l'image en noir et blanc publiée sur les réseaux sociaux montre deux personnages dans le ciel, au-dessus d'une ville sous les bombardements. "Salam aleykoum, je suis Mohammed", dit l'un en serrant la main de l'autre qui répond : "Aleykoum salam, je suis Musa", le nom que porte en Islam le personnage biblique de Moïse.

Sur X, Leman a défendu le dessin et estimé qu'il avait été sciemment mal interprété. "Le dessinateur a voulu montrer la droiture du peuple musulman opprimé en représentant un musulman tué par Israël, il n'a jamais eu l'intention de rabaisser les valeurs religieuses", précise le magazine. "Nous n'acceptons pas l'opprobre qui nous est imposé parce qu'il n'y a pas de représentation de notre Prophète. Il faut être très malveillant pour interpréter la caricature de cette manière", a-t-il poursuivi. "Nous présentons nos excuses à nos lecteurs bien intentionnés qui, selon nous, ont été victimes de provocations".

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