Procès contre des journalistes en Turquie : "Il y a une très forte intimidation" du pouvoir envers la presse
Pour Jean Marcou, spécialiste de la Turquie et professeur à Sciences Po Grenoble, la recrudescence de procès visant les journalistes en Turquie est liée aux différentes échéances électorales de 2018 : législatives, présidentielle et municipales.
Nouvelle audience mardi 26 décembre dans le procès du représentant de RSF en Turquie, Erol Onderoglu, poursuivi pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, alors que des dizaines de journalistes sont incarcérés dans le pays.
Jean Marcou, spécialiste de la Turquie, professeur à Sciences Po Grenoble, a estimé sur franceinfo qu'il y avait "une très forte intimidation" envers la presse par le pouvoir "parce que justement, il y avait une tradition de la presse en Turquie qui était assez active et qui demeure en partie. Il s'agit d'empêcher ces journalistes de vouloir continuer à faire leur travail, d'intimider très largement".
L'accusation de terrorisme recouvre "tout et n'importe quoi"
Les accusés doivent désormais se présenter à leur procès en "terrorisme" vêtus de l'uniforme orange de prisonnier. Pour Jean Marcou, il y a là une "volonté de marginaliser, d'humilier tous les gens qui s'opposent. L'accusation de terrorisme évidemment recouvre tout et n'importe quoi", souligne t-il.
Pour ce spécialiste de la Turquie, la recrudescence de procès visant les journalistes est liée au contexte politique, et notamment aux différentes échéances électorales de 2018 : législatives, présidentielle, municipales. "Ces élections pourraient être disputées, et à l'heure actuelle tous les moyens sont bons pour renforcer le contrôle sur les médias, la limitation des libertés", analyse Jean Marcou.
Un "coup d'Etat civil"
Le président Erdogan a validé plusieurs décrets qui instaurent, de facto, un état d'urgence en Turquie : "C'est un véritable coup d'Etat civil, parce qu'il y a un décret qui absout les civils qui ont participé au contre-coup d'Etat et qui fait dire aux leaders de l'opposition, mais aussi à l'ancien président [Abdullah Gül] de l'AKP [le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan], qu'il y a un risque de donner aux gens une sorte de permis de lyncher".
Jean Marcou estime que "le risque est celui d'une polarisation extrême de la société, parce qu'il y a une opposition qui existe, qui a fait près de la moitié des voix lors du dernier référendum (...) Les prochains mois risquent de raviver des tensions entre ces deux blocs. Le gouvernement joue avec le feu en les laissant se développer", a-t-il conclu.
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