Pourquoi Hunter Biden, le fils du président américain Joe Biden, est-il jugé dans un procès qui s'ouvre aujourd'hui ?

Moins d'une semaine après la condamnation pénale de l'ex-président Donald Trump, un autre épisode judiciaire risque d'animer la vie politique américaine. Le procès d'Hunter Biden, fils du président des Etats-Unis, débute lundi 3 juin devant un tribunal fédéral du Delaware. Régulièrement ciblé par les républicains et impliqué dans plusieurs affaires, il est cette fois accusé d'avoir menti en affirmant, au moment d'acheter une arme à feu, qu'il ne souffrait pas d'addictions. 

Les accusations contre le fils de Joe Biden trouvent leur source en 2018. Alors qu'il veut se procurer un revolver, Hunter Biden remplit, comme la loi l'y oblige, un formulaire dans lequel il doit notamment signaler s'il est dépendant d'un produit stupéfiant – à cette question, Hunter Biden répond par la négative.

Ses mémoires au cœur de l'accusation

Pour les procureurs fédéraux, cette affirmation est contraire à ce qu'il raconte dans un livre publié en 2021, Les Belles Choses. Le fils de Joe Biden se livre sur ses difficultés pendant les années qui ont suivi la mort de son frère Beau, en 2015. Il décrit la vodka bue au goulot, ses errances nocturnes en quête de crack autour de supérettes miteuses et ses tentatives ratées de désintoxication. Et raconte avoir vaincu ses addictions en 2019, c'est-à-dire postérieurement à l'achat de l'arme à feu.

Cette contradiction temporelle est au cœur de l'argumentaire de l'accusation, qui y voit la preuve d'un mensonge puni par la loi américaine. "Un acheteur potentiel doit remplir un dossier de transaction d'arme à feu (...), et certifier que tous de ses réponses sur le formulaire sont vraies et correctes", souligne le procureur fédéral David Weiss dans un communiqué de presse publié en septembre, quelques jours après la mise en inculpation par un grand jury fédéral. "En réalité, il savait que cette déclaration était fausse", poursuit le procureur.

Au terme du procès, qui doit durer deux semaines, le jury devra se prononcer sur deux chefs d'accusation portant sur le formulaire qu'il a rempli, et un troisième sur le fait même qu'il ait été en possession du revolver alors qu'il était un consommateur de drogues, pendant onze jours, avant que sa compagne se débarrasse de l'arme en la jetant dans une poubelle.

Hunter Biden plaide non-coupable

En octobre, Hunter Biden avait plaidé non-coupable des trois chefs d'accusation. Ses avocats entendent content l'idée selon laquelle Hunter Biden aurait sciemment menti en remplissant le formulaire. Selon la défense, le fils du président ne se considérait pas, alors, comme toxicomane. Dans des documents judiciaires, l'un de ses avocats, Abbe Lowell, assure que le sens juridique de ce terme n'avait pas été expliqué à son client : "Quelqu'un comme Hunter Biden, qui venait de terminer une cure de 11 jours et vivait ensuite avec quelqu'un de sobre, pouvait réellement penser qu'il n'était pas, à ce moment-là, un consommateur [de drogue] ou un toxicomane."

Hunter Biden sera jugé par un jury de douze citoyens, dont le processus de sélection débute lundi. En raison de la notoriété de l'accusé, les jurés potentiels devront répondre à plusieurs questions concernant notamment leur appartenance à des mouvements politiques, leur expérience des drogues et leur opinion concernant la législation sur les armes, affirme l'agence AP. Les procureurs et les avocats de la défense auront la possibilité de radier un certain nombre de candidats.

Hunter Biden, âgé de 54 ans, encourt une peine maximale de 25 ans de prison. Mais en pratique, peu de condamnés pour des délits similaires vont effectivement derrière les barreaux aux Etats-Unis. Le fils de Joe Biden a par ailleurs été inculpé en décembre pour fraude fiscale, accusé de s'être soustrait, par un "stratagème", à l'obligation de payer 1,4 million de dollars d'impôts. Il a plaidé non coupable et un procès est attendu dans le courant de l'année en Californie.