Election américaine : "Toutes les conditions sont réunies pour le scénario cauchemar évoqué", déclare l'ancien conseiller des présidents Clinton et Obama
Avant même la fin des depouillements Donald Trump revendique la victoire à la présidentielle en dénonçant des fraudes dans le camp démocrate. Robert Malley redoute de possibles violences localisées ou de débordements de groupes de supporters.
Alors que le nom du vainqueur de l'élection présidentielle se fait toujours attendre aux États-Unis, mercredi 3 novembre, Donald Trump clame déjà victoire tout en affirmant que son adversaire démocrate Joe Biden bénéficie de "bulletins secrets" frauduleux. "Toutes les conditions sont réunies pour le scénario cauchemar évoqué", estime sur franceinfo Robert Malley, ancien conseiller des présidents Clinton et Obama, président de l'ONG Crisis Group, spécialisée dans les crises post-électorales.
franceinfo : Le scénario vous inquiète-t-il ?
Robert Malley : Toutes les conditions sont réunies pour le scénario cauchemar qu'on évoquait, maintenant rien n'est joué d'avance. On n'a pas encore vu d'actes de violence, ce qui est quand même un bon signe, mais nous faisons face à une situation où le président Trump affirme qu'il a gagné, qu'on doit cesser de dépouiller, de faire le décompte des votes parce qu'il a gagné et que tout ce qui sera compté maintenant relèvera de la fraude et de la tricherie. Certains de ses loyalistes, ceux qui le soutiennent aveuglément, peuvent peut-être contester le résultat si, d'aventure, dans les jours qui viennent, il s'avérait que Joe Biden l'emportait.
On peut s'imaginer le pire dans une société aussi polarisée et ça a vraiment été démontré, illustré par le résultat des élections avec une polarisation aussi intense.
Robert Malleyà franceinfo
Ca n'est pas probable, mais c'est possible. Je ne parle pas d'une guerre civile, mais de violences localisées ou de débordements de groupes qui affirmeraient que Trump est le candidat légitime, d'autres qui diraient que non.
Les États-Unis sont-ils si divisés que cela ?
On a vraiment deux sociétés, deux Amériques qui ne se regardent plus, qui ne se parlent pas et qui regardent des chaînes de télévision différentes, qui croient en des leaders totalement différents. Il y a de quoi être inquiet, c'est vrai, parce que c'est le système politique qui a montré ses limites. Il a montré son incapacité à réellement former un consensus ou à traiter des problèmes profonds comme le Covid-19, les inégalités sociales, les inégalités raciales. Et encore une fois, les élections montrent cette division profonde, cette césure au sein de la société américaine que ni les uns ni les autres ne comprennent. Vous parlez à ceux qui sont du côté de Trump, ils ne comprennent pas l'Amérique de Biden et vice versa.
Est-ce que vous vous dites aussi que cette crise peut être salutaire parce qu'il faudra après se relever et reconstruire quelque chose de plus unificateur ?
Je suis optimiste parce que je pense qu'il y a des institutions fortes, parce que je pense que les services de sécurité sont apolitiques, parce que je pense qu'il y a un système médiatique et une société civile qui sont très puissants. Mais honnêtement, aujourd'hui, imaginer que les uns et les autres puissent se parler, se respecter, comprendre l'Amérique de la même façon, comprendre les problèmes raciaux et autres, c'est quand même difficile à imaginer. Ça viendra, mais aujourd'hui, c'est très difficile de percevoir quelles seront les personnalités qui pourront vraiment transcender les divisions qui ne font que s'approfondir. Je suis optimiste pour le long terme, oui, mais pour l'instant, honnêtement, le résultat de mardi soir c'est un peu le reflet d'une Amérique déchirée qu'on redoute.
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