Reportage "Il va changer les choses dans le monde !" : la fierté des Péruviens avec l'élection de Léon XIV

A peine apparu à la loggia de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le nouveau pape a fait chavirer les péruviens de bonheur. Ils placent de nombreux espoirs dans ce pontificat.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme agite un drapeau péruvien devant la cathédrale de Lima, au Pérou, célébrant l'élection du pape Léon XIV. (CARLOS MANDUJANO / AFP)
Un homme agite un drapeau péruvien devant la cathédrale de Lima, au Pérou, célébrant l'élection du pape Léon XIV. (CARLOS MANDUJANO / AFP)

C'est donc lui : Robert Francis Prevost est devenu à 69 ans le premier pape américain de l'histoire, jeudi 8 mai. Désormais Léon XIV, il va célébrer une messe dans la chapelle Sixtine avant une série de rendez-vous lors desquels ses paroles et ses gestes seront scrutés.

Lors de sa première apparition jeudi soir devant une foule en liesse place Saint-Pierre, Léon XIV s'est adressé au plus de 1,4 milliard de catholiques : "Que la paix soit avec vous tous !", ont été ses premiers mots, dans un italien teinté d'accent américain. Des premiers mots qui ont bouleversé le Pérou : Robert Francis Prevost a en effet travaillé pendant plus de 30 ans au Pérou, notamment dans le nord du pays à Chiclayo. "Né aux Etats-Unis et naturalisé péruvien en 2015, Sa Sainteté a vécu et a servi dans notre pays pendant des années. Il y a partagé la vie du peuple avec humilité, amour et une grande foi. Sa proximité avec les plus défavorisés a laissé une marque indélébile dans nos cœurs", a aussitôt réagi la président du pays, Dina Boluarte, soulignant l'aspect "historique".

"Il est plus Péruvien qu'Américain"

Impossible de passer à côté de cette élection au Pérou : dès l'apparition du nouveau souverain pontife à la loggia de la basilique Saint-Pierre, certains sont venus devant la cathédrale de Lima, avec le drapeau péruvien, pour célébrer cette élection scandant : "Le pape est péruvien !". Pour Margarita, ça ne fait aucun doute : "Il est plus péruvien qu'Américain, c'est sûr, et ça rend fou de joie tous les Péruviens !". Nancy, elle, ne cache pas son émotion : "On était à l'église Saint-Pierre et à la fin de la messe, le prêtre a dit 'Habemus papam' et on a alors su. Imaginez-vous !"

Même son de cloche sur le parvis de la cathédrale de Cusco, la très catholique ville du sud du pays, où des fidèles s’étaient également rassemblés, bouleversés : "Quand on a annoncé un pape péruvien, c'était une émotion énorme !", confie une femme. "C’est une fierté... Il connait la réalité du Pérou, c’est beau ! Je suis vraiment heureuse", glisse une autre.  "Il connait la réalité latino-americaine, donc on espère une plus grande connexion, qu’on se sente plus proche du pape et de dieu...", assure cet homme qui sort de la messe. Une femme poursuit : "On espère être une eglise vivante, qu'on travaille tous ensemble, et comme le Pape Francois, qu'il soit un pape simple, humble, qu'il parcoure des endroits oubliés comme il y en a tant dans les Andes ou en Amazonie..."

La fin de la violence

Léon XIV a passé près de la moitié de sa vie au Pérou. Sa première mission, en tant que prêtre, était dans le nord du pays dans les années 80. Et s'il est retourné à Chicago en 1999, il est revenu en tant qu'évêque de Chiclayo en 2014, où il est resté près de dix ans. Et preuve de son attachement au pays, depuis la loggia des bénédictions, il a tenu à saluer son diocèse péruvien, en espagnol. Une image qui tourne en boucle sur les télévisions du pays.

Le ministère de l'immigration du pays s'est d'ailleurs empressé de confirmer la nouvelle sur X : le nouveau pape Léon XIV a toujours sa carte d'identité péruvienne. Eliana n'en revient pas : "Un pape presque péruvien ! Il sait qui on est, il connaît nos souffrances, ce qu’il nous manque". Un espoir chez les fidèles, qui formulent une prière : ces derniers mois ont été marqués par l'extrême violence dans le pays. Une majorité des Péruviens confient avoir perdu foi en la politique du pays, où quatre présidents sont en prison. Ils aimeraient pouvoir se tourner vers le Vatican, comme Margarita. "Il va changer les choses dans le monde, la guerre et tout ça... Mais surtout la violence au Pérou, j'espère".

Certains pensent que cela pourrait être même un paramètre à prendre en compte dans l'élection présidentielle prévue l'année prochaine. Si le pape s'exprime sur la situation du Pérou, beaucoup pourraient suivre ses pas.

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