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Des mairies s'interrogent sur leur contrat avec Bygmalion

De nombreuses collectivités ont signé des contrats avec Bygmalion ou ses filiales, au cœur du scandale qui agite l'UMP. Entre soupçons de surfacturation et réalités des prestations facturées, les élus sont partagés.

Article rédigé par franceinfo
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Le site internet de Bygmalion, le 20 mai 2014. (JOEL SAGET / AFP)
Le site internet de Bygmalion, le 20 mai 2014. (JOEL SAGET / AFP)

La mairie de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) a tranché. Elle va s'occuper elle-même de sa communication, après avoir dénoncé le contrat signé avec Idéepole, une filiale de Bygmalion, rapporte Le Parisien, mercredi 28 mai. Le quotidien évoque des "étrangetés" dans les factures adressées par le prestataire à la mairie, qui font d'ailleurs l'objet d'une enquête du parquet de Paris.

Même réserve dans une autre municipalité francilienne, contactée par francetv info. "Nous avons pointé du doigt le contrat signé avec l'agence Bygmalion dès la publication de l'article dans Le Point. Aujourd'hui, nous sommes en train de regarder et d'accélérer les vérifications", explique un responsable de la nouvelle équipe municipale. Pour le moment, on préfère rester prudent. Car le site institutionnel est hébergé sur le serveur de Bygmalion. Avant de dénoncer le contrat, la nouvelle équipe prend donc soin de rapatrier les données. "Quand je vois que le CMS a été facturé plusieurs dizaines de milliers d'euros, ça me fait rire. C'est un peu comme le site surfacturé de Carla Bruni, du temps de l'Elysée." Ce responsable n'exclut pas de rompre le contrat à la première occasion.

"Je ne vois pas pourquoi j'arrêterais le contrat"

Est-ce pour autant légal ? "Même si je voulais rompre le contrat, je ne pourrais pas", explique le maire UMP de Coulommiers (Seine-et-Marne) Franck Riester, dont la mairie est en contrat avec Idéepole, filiale de Bygmalion. Et d'ailleurs, Franck Riester n'en a aucune envie. "De 2010 à 2012, nous avons dépensé 8 000 euros par an, pour le bulletin municipal, la plaquette de la saison culturelle et quelques autres événements. Et le contrat a été validé par un appel d'offres. Je ne vois pas pourquoi j'arrêterais."

Même chose au conseil général de Côte-d'Or, qui concède que le nom de Bygmalion est aujourd'hui "un peu éruptif", mais que sa filiale Idéepole fournit "un magazine de qualité à 13 000 euros". Mieux, les tarifs ont même été baissés de "3 500 euros par an". Pour autant, la collectivité ne s'interdit pas de réétudier l'an prochain le bien-fondé de ce contrat signé en 2009, avant le rachat d'Idéepole par Bygmalion. "C'est quand même dommage pour les salariés des filiales de Bygmalion si tous les contrats tombent à l'eau."

"En ce moment, toutes les mairies contactent Bygmalion"

Avec le scandale, la pression augmente sur les élus. "Bygmalion nous a dit que toutes les mairies l'ont contacté", explique un porte-parole de la mairie de Melun (Seine-et-Marne), qui a signé un contrat de 99 500 euros avec Idéepole. "Nous avons lancé des vérifications à la suite de l'affaire, mais après avoir tout réétudié dans le détail, nous estimons que les prestations facturées sont tout à fait dans les clous, explique un porte-parole. La municipalité va donc continuer à travailler avec son prestataire. Le contrat date du début de l'année dernière et court jusqu'à début 2015. Il n'y aucune raison de l'arrêter."

Circulez, il n'y a rien à voir ? L'opposition municipale n'est pas de cet avis. "Nous avons interpellé la mairie à plusieurs reprises, mais nous n'avons toujours aucune vision, aucune pièce justificative" pour évaluer la réalité des prestations facturée par Idéepole, s'indigne François Kalfon, élu PS à Melun, contacté par francetv info. Dans ce département, fief de Jean-François Copé, il précise que "les trois plus importantes mairies UMP ont des contrats de communication avec Bygmalion".

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