Volet financier de l'affaire Karachi : la tenue de ce procès est déjà "une première victoire", déclare Me Olivier Maurice, avocat de familles de victimes
S'il déplore qu'Édouard Balladur, qui "se présentait à l'opinion publique comme le chantre de la moralisation de la vie politique française", n'ait pas été jugé comme ses collaborateurs devant le tribunal correctionnel, il espère que la Cour de justice de la République, connue pour être plus "clémente", le "sanctionnera" malgré tout.
"La tenue du procès" du volet financier de l'affaire Karachi mardi 19 janvier devant la Cour de Justice de la République est déjà "une première victoire", a déclaré sur franceinfo Me Olivier Maurice, avocat de familles de victimes de l'attentat en 2002. C'est "une satisfaction", poursuit-il, de voir l'ancien Premier ministre, Édouard Balladur et son ministre de la Défense de l'époque, François Léotard, jugés sur le volet financier de cette affaire. Le procès est prévu pour durer jusqu'au 11 février prochain. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac doit répondre de soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995 devant la Cour de justice de la République. L'attentat de Karachi a fait 15 morts, dont 11 Français qui travaillaient à la construction de sous-marins achetés par l'État pakistanais.
franceinfo : Quelles réponses peut apporter ce procès, près de 20 ans après l’attentat ?
Me Olivier Maurice : La tenue de ce procès est une grande satisfaction pour les familles, parce que lorsque nous avons déposé plainte en décembre 2009, même le procureur de la République de Paris avait cru devoir communiquer en indiquant que les faits étaient prescrits et que la justice ne peut se saisir de cette plainte et qu'elle n'aboutirait pas. C'est donc d'abord une première victoire. Ensuite, et il est évident que ce que nous aurions préféré, c'est que l'ancien Premier ministre Édouard Balladur et monsieur Léotard, son ministre de la Défense, soient jugés aux côtés de leurs collaborateurs qui ont été très lourdement condamnés par le tribunal correctionnel, il y a quelques mois, à des peines de prison ferme.
"Malheureusement, les différents présidents de la République qui se sont succédé depuis maintenant plusieurs mandats présidentiels, avaient toujours promis qu'ils supprimeraient la Cour de justice de la République mais elle est toujours là."
Me Olivier Maurice, avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachià franceinfo
On se demande même si les hommes politiques qui sont au plus haut niveau de l'État ne se complaisent pas à l'avoir maintenue. Nous savons qu'en règle générale, les sanctions qui sont prononcées par la Cour de justice de la République sont beaucoup plus clémentes que les décisions qui sont rendues par les tribunaux correctionnels.
La moralisation de la vie politique est centrale dans ce dossier ?
Il y a un discours qui explique qu’on prend en compte le respect des règles en étant irréprochable dans les pratiques de la vie politique française. Et puis, dans l’usage, il s'agit de dépôts de remises d'espèces de grandes coupures qui ont été déposés sur un compte du Crédit du Nord et les justificatifs apportés par monsieur Édouard Balladur sont totalement grotesques par rapport à la réalité de ce dossier. Et rappelez-vous à l'époque, Édouard Balladur se présentait à l'opinion publique comme le chantre de la moralisation de la vie politique française. C'est lui qui a même fait passer des textes de loi pour moraliser les pratiques de la vie publique. Dans la pratique, Édouard Balladur n'a pas mis en œuvre les propres textes qu'il a fait voter par le Parlement et en quelque sorte, ce que nous dénonçons et ce que nous voulons faire constater par la justice, c'est une forme d'imposture de l'ancien Premier ministre qui, incontestablement, a manqué à ses devoirs. Et nous sommes en présence d'une affaire d'État, celle que nous dénoncions dès 2009.
Il existe un risque que procès soit suspendu dès son ouverture puisque François Léotard est malade. Les familles de victimes que vous représentez peuvent-elles encore patienter ?
Elle est longue cette procédure parce que de nombreuses entraves ont été placées pour empêcher les juges de connaître la vérité. Il y a eu tout d'abord le secret défense qui a été opposé au magistrat-instructeur, que ce soit au juge Trévidic ou que ce soit au juge Van Ruymbeke. Et si aujourd'hui, nous sommes 11 ans après la plainte que nous avons déposée, c'est tout simplement parce que des arguties judiciaires ont été avancées pour faire retarder l'issue de cette procédure. Encore une fois, c’est une grande satisfaction pour nous que ce procès puisse s'ouvrir. Et puis, nous attendons de la Cour de justice de la République qu'elle sanctionne, ceux qui ont été en définitive les principaux responsables de cette dérive tout à fait inacceptable.
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