Uber Files : la société de VTC "continue son action de lobbying auprès du gouvernement français", assure l'ancien secrétaire d'Etat Thomas Thévenoud
L'ancien secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, à l'origine de la loi de 2014 qui encadre l'activité des VTC, fustige la relation qu'entretenait Emmanuel Macron et la plateform américaine Uber lors de son implantation en France.
"Uber continue son action de lobbying auprès du gouvernement français", a assuré sur franceinfo lundi 11 juillet, Thomas Thévenoud, ancien secrétaire d'Etat et ancien député PS. Le socialiste est à l'origine de la loi de 2014 qui régule la cohabitation entre les taxis et les VTC, après avoir été nommé médiateur dans cette crise. Une enquête conduite par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et ses partenaires, notamment Radio France, révèle qu’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, a facilité l’implantation d'Uber, géant du VTC qui n’avait pas bonne presse dans le reste gouvernement de François Hollande. L’ancien secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur estime que le président de la République actuel "a été une sorte de VRP ou de lobbyiste pour une entreprise américaine qui avait décidé de faire de la conquête du marché français sa priorité".
franceinfo : Êtes-vous surpris par ces révélations ?
Thomas Thévenoud : La bienveillance d'Emmanuel Macron à l'égard d’Uber a commencé en vérité très tôt. La première fois que j'ai rencontré Emmanuel Macron, c'est le 12 mars 2014. À l'époque, il n'est pas encore ministre de l'Économie et encore moins président de la République. Il est secrétaire général adjoint de l'Élysée. À l'époque, il y a deux camps : les pro-taxis et les pro-Uber. Emmanuel Macron m'explique que les taxis sont ringards, dépassés, obsolètes et qu'il faut permettre à Uber de se développer en France, car ça va créer beaucoup d'emplois. Moi, je lui explique qu'on va moderniser les taxis, cela a été fait, et imposer des règles à Uber, notamment interdire un service qui s'appelait UberPop où n’importe qui pouvait du jour au lendemain décider de conduire dans Paris et devenir taxi ou VTC.
Emmanuel Macron a-t-il outrepassé ses droits en tant que ministre de l'Économie ?
Il a été une sorte de VRP ou de lobbyiste pour une entreprise américaine qui avait décidé de faire de la conquête du marché français sa priorité. À l'époque, il faut se souvenir, Uber a une attitude très agressive. Quand j'élabore ma loi à l'Assemblée nationale, Uber refuse de participer à l'élaboration de cette loi et dit qu’il va l'attaquer. Moi, au contraire, avec d'autres députés, avec la représentation nationale, j'essaye de poser des règles parce que la France n'est pas le Far West et on doit respecter un certain nombre de règles du jeu.
Vous mettez en cause également Elisabeth Borne, qui est aujourd'hui Première ministre. Quel rôle a-t-elle jouée ?
Elle ne peut pas ne pas savoir un certain nombre de choses, puisqu'elle a été ministre des Transports au moment de la loi d'orientation des mobilités, appelée la loi LOM. Il y avait dans cette loi une disposition qui visait à protéger Uber sous une forme de charte de responsabilité sociale. Uber édictait une charte, faisait signer ça à ses chauffeurs, en échange de quoi il ne pouvait pas y avoir de poursuites contre Uber. Qui était la ministre des Transports à l'époque ? Elisabeth Borne. Il y a quelques semaines, on a essayé de créer un ersatz de dialogue social dans le secteur en organisant une élection pour créer des représentants de chauffeurs VTC. Cela a été un fiasco total puisqu'il n'y a eu que 1,6% de participation chez les chauffeurs VTC. Qui était la ministre du Travail ? Elisabeth Borne. Elle connaît très bien le sujet. Elle connaît très bien l'entreprise Uber, puisqu’Uber, aujourd'hui, dépense des milliers d'euros en lobbying. Tout cela est documenté. La Haute Autorité de transparence de la vie publique l’a dit. Uber continue son action de lobbying auprès du gouvernement français.
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