"Aujourd’hui, la séparation des pouvoirs a considérablement été érodée", confie le député communiste André Chassaigne

Après 23 ans de mandat, le député communiste s'apprête à quitter l'Assemblée nationale

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député communiste André Chassaigne, le 25 mars 2025 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)
Le député communiste André Chassaigne, le 25 mars 2025 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Aujourd’hui, la séparation des pouvoirs a considérablement été érodée", confie vendredi 28 mars sur "ici Pays d’Auvergne" le député communiste du Puy-de-Dôme André Chassaigne qui s’apprête à quitter l’Assemblée. À 74 ans, le président du groupe Gauche démocrate et républicaine quittera l’Assemblée lundi 31 mars. Celui dont la parole est assez rare a siégé pendant près de 23 ans à la Chambre basse.

"Ce départ, je le fais avec une forme de sérénité, d’avoir fait le travail que je devais faire, avec l’idée surtout que la transmission se fera correctement à l’Assemblée et aussi, en circonscription", estime le député.

"Mutation de la pratique politique"

Pour sa dernière question au gouvernement ce mardi, André Chassaigne a dénoncé le conclave des retraites, "un conclave de façade" et il a appelé solennellement le Premier ministre à un sursaut. "Pour cette dernière question, j’ai fait le choix de revenir sur un thème que j’ai toujours défendu, c’est le pouvoir législatif, assure-t-il. C’est faire en sorte que dans ce pays, on ait une séparation des pouvoirs, que le Parlement puisse assumer ses responsabilités, puisse contrôler l’action du gouvernement et qu’on n’ait pas un gouvernement qui soit le maître du jeu et qui, souvent, contourne le Parlement. Je l’ai toujours combattu car je crois qu’aujourd’hui, la séparation des pouvoirs a considérablement été érodée".

L’ambiance de l’Assemblée jugée délétère par certains est "une réalité" selon le député communiste "mais ce n’est pas la cause de mon départ". "Depuis bientôt 23 ans, j’ai vécu une mutation de la pratique politique dans l’Assemblée où le travail législatif peut avoir perdu, non pas de son intérêt, mais de l’objectif souverain qui est d’être utile, au détriment de beaucoup de turbulences dans les débats, de radicalité avec l’obsession que son intervention puisse directement filer sur les réseaux sociaux" , reconnaît-il auprès de la radio locale.

"Tout ça est une forme de dégradation pas facile à vivre mais ce n’est pas la cause de mon départ"

André Chassaigne

à Ici Pays d'Auvergne

"Je n’ai pas de difficulté particulière à céder mon mandat, pas de pincement au cœur", explique André Chassaigne alors qu’il va désormais se consacrer à sa commune de Saint-Amand-Roche-Savine dont il vient d’être élu adjoint au maire. "Mais une forme de sensibilité sur la situation actuelle au niveau national et local. Je ne vais pas vous dire que les 76 emplois qui doivent être supprimés à l’entreprise Actypoles à Thiers ne me font pas mal au cœur en me disant, est-ce que j’aurais pu intervenir, comme je l’ai fait d’ailleurs, pour sauver la situation".

Au terme de sa carrière à l’Assemblée, il retient un moment en particulier : "Au début de mon deuxième mandat, en 2007-2008, quand je suis monté à la tribune pour une motion de rejet que j’ai fait voter, alors que l’Assemblée était a priori majoritairement favorable au projet de loi sur les OGM. Et à une voix près, la culture des OGM a été interdite dans notre pays. Certains me l’ont reproché après mais pour moi, ça a été un moment important". Le député retient enfin les deux propositions de loi sur les retraites agricoles qu’il a fait voter.

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