"La question n'est pas de savoir s'il va partir, mais quand" : Bruno Retailleau prend à nouveau ses distances avec François Bayrou et Emmanuel Macron

L'ambitieux ministre de l'Intérieur ne ménage pas ses coups dans une interview au "Figaro" publiée vendredi. Un conseiller assure qu'il "va y avoir une explication de texte" avec le Premier ministre. Bruno Retailleau ne compte pas changer de ligne, avec en ligne de mire 2027.

Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Au premier plan, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et en arrière-plan, François Bayrou, Premier ministre, le 15 juillet 2025 à Paris. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)
Au premier plan, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et en arrière-plan, François Bayrou, Premier ministre, le 15 juillet 2025 à Paris. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)

Dans une interview au journal Le Figaro publiée vendredi 18 juillet, le ministre de l'Intérieur prend ses distances avec le plan d'économies présenté par François Bayrou, pas assez ambitieux selon lui. Bruno Retailleau critique "la diplomatie des bons sentiments" chère à Emmanuel Macron. Autant d'entorses à la solidarité gouvernementale qui posent une question : combien de temps l'ambitieux ministre va-t-il pouvoir rester à son poste ?

Bruno Retailleau qui critique l'action du gouvernement : dans l'entourage du Premier ministre, personne n'est vraiment surpris, mais cette fois, la charge est un peu plus violente que d'habitude. "Il va y avoir une explication de texte, François Bayrou va l'appeler", croit savoir l'un de ses interlocuteurs réguliers. D'autant que les critiques visent aussi Emmanuel Macron, notamment sur le dossier Boualem Sansal et plus largement sur la crise avec l'Algérie. "Il faut changer de ton", tonne le ministre, dans l'interview. "Je le dirai au président de la République, que je dois voir la semaine prochaine."

"Il va continuer à faire monter la pression"

Le ministre de l'Intérieur et patron des LR assume avoir des différences de sensibilité avec les autres membres du gouvernement. Il assume aussi pouvoir "s'exprimer sur d'autres sujets que les siens". "Il est hors de question, prévient-il, de me laisser lier les mains. Je ne changerai pas". Par ailleurs, Bruno Retailleau persiste et signe après sa sortie sur les énergies renouvelables, dont il veut stopper le financement. "Une approche non plus dogmatique mais rationnelle est nécessaire", se justifie-t-il.

Il y a quelques semaines, le président de la République avait pourtant demandé à son Premier ministre de tenir son gouvernement. Un conseiller ironise : "Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça n'a pas beaucoup porté ses fruits." Un ministre, chef de parti qui joue sa propre partition dans un gouvernement menacé : "La question n'est pas de savoir si Retailleau va partir, mais quand", assure un stratège de l'exécutif qui fait remarquer que le patron des LR ne présentera pas sa démission tant qu'il n'aura pas obtenu de résultats à Beauvau.

Le temps n'est donc pas encore venu pour sortir du bois. Mais ses ambitions ne trompent personne au sein de l'exécutif. "Il va continuer à faire monter la pression puis finira par quitter le gouvernement de lui-même", prédit un conseiller de l'exécutif. "À un moment, l'élastique lâchera, conclut ce conseiller. Bruno Retailleau le sait et compte là-dessus pour accélérer vers 2027 !"

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