"Déjà un avant-goût de présidentielle" : Gabriel Attal entend transformer son meeting en face-à-face avec Marine Le Pen

Vers une bataille de meetings digne d'une campagne électorale ? La manifestation de soutien à Marine le Pen, prévue dimanche 6 avril à Paris, "n'est pas un coup de force", assure le président du RN Jordan Bardella. De son côté, l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, désormais à la tête du parti Renaissance, réunit ses soutiens au même moment, à la cité du cinéma de Saint-Denis. Le rendez-vous est prévu de longue date, mais il prend une tout autre ampleur au regard de l'actualité. Chacun va compter ses forces.

Le parti fondé par Emmanuel Macron revoit même ses plans pour surfer sur la vague, "déjà un avant-goût de présidentielle", savoure l'entourage de Gabriel Attal ,déterminé à faire le poids. Ce meeting est prévu depuis le mois de février, mais la manifestation annoncée par le RN lui donne une autre dimension : c'est l'occasion rêvée d'assumer le match en frontal, le duel, le face-à-face. Le nombre d'inscrits est gardé secret, "plus de 7 000", assure-t-on chez Renaissance. Le parti présidentiel est souvent comparé à un astre mort ces derniers mois. Avant le meeting, il multiplie les coups de fil à ses adhérents, organise des bus, du covoiturage pour réveiller ses militants et remplir la salle. Les images du public, le nombre de personnes présentes, tout aura son importance.

La direction du parti affirme avoir passé une commande de chaises supplémentaires depuis lundi et de nouvelles affiches ont été imprimées. On y voit Gabriel Attal debout au pupitre, devant une marée de drapeaux bleu blanc rouge et le slogan : "Pour la démocratie et nos valeurs" en lettres capitales. Dimanche, l'ancien Premier ministre fera son discours à 15h30, c'est-à-dire en même temps que Marine Le Pen. Le pari est risqué, mais un de ses proches assume : "La force du message sera décuplée par ce qu'il va se passer place Vauban [lieu du rassemblement du RN]."

Raviver le clivage "nous contre Le Pen"

Le refrain est le même : l'indépendance de la justice, faire front face aux attaques contre la démocratie. Et il s'y ajoute une question : "Est-ce qu'on a envie que la France devienne l'Amérique de Donald Trump ?" Un proche de Gabriel Attal compare la maison frontiste et la Maison Blanche : "Les mêmes méthodes, les mêmes accusations, les mêmes procès d'intention". Le couplet est digne des campagnes victorieuses d'Emmanuel Macron.

Il s'agit de raviver le clivage pour mieux installer le duel en vue de 2027. "Il va tracer un sillon", jure un fidèle. Autrement dit, Gabriel Attal saute sur l'occasion pour revenir sur le devant de la scène, se refaire une santé. Il a mangé son pain noir depuis la dissolution, qui l'a forcé à quitter Matignon plus vite qu'il ne l'imaginait. "Beaucoup ont dit que la bulle avait éclaté, c'est faux, lâche son équipe, Gabriel Attal a une histoire à écrire avec les Français, une histoire différente." Ce week-end, il y voit une opportunité de briller et de se forger un statut.