Elon Musk, un algorithme à son service
Certains abonnés de X, ex-Twitter, ont remarqué ces derniers temps qu'il était impossible d'échapper aux messages d'Elon Musk. Le milliardaire, qui détient la plateforme, tricherait-il avec son algorithme ?
Pour se persuader que l'algorithme de Twitter favorise le milliardaire Elon Musk, il suffit d'un simple test de quelques minutes. L'équipe de l'Oeil du 20h a créé un nouveau compte sur la plateforme, sans rien poster, ni suivre de comptes pour ne pas influencer l'application. Pourtant, au bout de quelques secondes, Elon Musk apparaît partout : dans les suggestions de comptes à suivre et dans les tweets affichés.
Et lorsque que l'on suit Elon Must, la plateforme s'emballe. Le réseau X propose à ses abonnés de suivre les entreprises de Musk (Tesla ou SpaceX), un influenceur masculiniste (Andrew Tate) Donald Trump... il propose aussi une personnalité française, Bruno Retailleau, actuel ministre de l'intérieur. En moins d'une heure de test, l’algorithme enferme ce nouveau compte dans une bulle où se mêlent complotistes, libertariens et conservateurs.
Cette omniprésence d'Elon Musk sur X et son algorithme ne surprend guère, car l'homme d'affaires l'avait annoncé dès son rachat de la plateforme. Il publie alors une photo, provocante et évoquant une scène pornographique, où il promet d’abreuver ses 200 millions d’abonnés avec ses idées.
Une volonté politique qui nécessite pour cela de modifier l'algorithme de X, selon David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS. "On sait que Musk a explicitement demandé à ses ingénieurs de changer l'algorithme pour que l'on voit plus ses tweets à lui et ses tweets de proches. Ce que vous recevez dans votre fil d'actualité n'est pas une retranscription neutre de ce que produisent vos abonnés ou vos abonnements."
Une stratégie illégale en Europe ?
Le réseau social assume d'ailleurs cette politique, dans un rapport interne rendu public qui affirme que “X n’a pas mis en place les contrôle suffisants pour empêcher son interface de tromper et manipuler ses utilisateurs”.
En Europe, tout cela est illégal. Les sanctions existent mais Bruxelles tarde à réagir. Alors, aurait-on peur de la réaction du meilleur ami d’Elon Musk, le président américain ? C'est ce que soutient Sandro Gozi, député européen du groupe Renew Europe. “La Commission européenne devrait intervenir avec plus de force, plus de conviction, et faut pas se cacher derrière la liberté d’expression. Si on renonce à protéger et garantir nos principes et nos valeurs parce qu’on a peur de la réaction de la part de Washington, c’est la pire façon de protéger nos valeurs et nos intérêts."
Indifférent aux menaces, Elon Musk continue de mettre son réseau au service de ses idées. Récemment, il a d'ailleurs déroulé le tapis rouge à l’extrême droite allemande, seul parti capable selon lui de sauver le pays.
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