Guerre en Ukraine : pourquoi le RN a prévu de s'abstenir sur le vote d'une résolution appelant à saisir les avoirs russes gelés

Cette proposition appelle l'Union européenne, l'Otan et "les autres pays alliés" à "poursuivre et à accroître leur soutien politique, économique et militaire à l'Ukraine" face à "l'agression russe". Mais un alinéa du texte ne convient pas aux députés emmenés par Marine Le Pen.

Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, le 4 février 2025, dans l'hémicycle du Palais-Bourbon. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)
Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, le 4 février 2025, dans l'hémicycle du Palais-Bourbon. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

L'Ukraine à nouveau au menu des discussions des députés français, mercredi 12 mars. Faut-il ou non pousser à la saisie des avoirs russes gelés, et pour en faire quoi ? C'est l'une des questions à laquelle répondront les députés lors de l'examen d'une proposition de résolution sur le renforcement du soutien à l'Ukraine.

Le texte défendu par le groupe des centristes indépendants Liot appelle notamment à la saisie des avoirs russes en France. En l'état actuel, cette proposition de loi "invite" l'Union européenne à "utiliser dès à présent les actifs russes gelés et immobilisés, (...) pour soutenir la résistance ukrainienne et la reconstruction de l'Ukraine". Un amendement co-signé par trois députés du groupe macroniste Ensemble pour le République (EPR), incluant son président Gabriel Attal, propose même d'aller plus loin en utilisant ces avoirs pour "renforcer les capacités de défense de l'Europe".

"Je ne voterai pas !"

Des positions contraires à celle du gouvernement, officiellement opposé à une saisie des avoirs eux-mêmes (autour de 235 milliards d'euros), en dehors des intérêts qu'ils génèrent et qui servent déjà à aider Kiev. Et des propositions qui ne conviennent pas non plus au RN : le parti de Jordan Bardella n'a pas prévu de le voter en raison d'un alinéa sur l'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne.

Ce texte non contraignant invite aussi, en effet, l'Union Européenne à faciliter le processus d'adhésion de l'Ukraine, sauf que c'est une ligne rouge pour le Rassemblement national. En marge d'un déplacement dans la Manche, mardi 11 mars, Marine Le Pen, la cheffe de file du parti s'y est dit "fondamentalement opposée" : "Je ne voterai pas ! Je connais la technique : on fait une belle résolution de soutien à l'Ukraine et, à l'intérieur, on vous glisse toute une série de choses dont on sait pertinemment que vous y êtes fondamentalement opposés. Moi, on ne me forcera pas à voter un texte dans lequel on demande l'entrée de l'Ukraine dans l'Union Européenne", a-t-elle tranché, accusant au passage Emmanuel Macron de jouer "avec les peurs".

Selon nos informations de franceinfo, si le texte n'est pas amendé, le groupe RN a donc prévu de s'abstenir de voter, mercredi après-midi, quitte à soulever de nouveaux doutes sur la sincérité de son soutien à l'Ukraine. Un proche de Marine Le Pen assume : "Depuis le début, on est cohérent. L'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne serait une catastrophe pour nos agriculteurs."

Mais la raison de ce rejet est peut-être plus profonde. "On ne va quand même pas valider la stratégie va-t-en guerre d'Emmanuel Macron", poursuit un cadre du parti, qui reprend à son compte le nouvel élément de langage en vogue au RN : "La Russie est certes une menace, mais pas une menace imminente."

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