"Cela montre que sa voix porte" : recadré par Emmanuel Macron, Bruno Retailleau cherche à construire le "projet présidentiel de LR", assure son entourage

Le ministre de l'Intérieur avait plaidé pour la fin des aides publiques pour les énergies renouvelables dans une tribune parue dans "Le Figaro". Son équipe assure qu'il s'est exprimé en tant que chef de parti, mais que Bruno Retailleau s'exprimera sur d'autres sujets.

Article rédigé par Audrey Tison
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 3 juillet 2025 à Libourne (Gironde). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 3 juillet 2025 à Libourne (Gironde). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Le recadrage est cinglant. Bruno Retailleau a été recadré, jeudi 3 juillet, par le président de la République et par le Premier ministre après sa prise de parole réclamant la fin des subventions aux énergies renouvelables. "Il n'y a aucune raison de continuer de les financer par des subventions publiques", avait-il affirmé dans une tribune publiée mercredi dans Le Figaro

Le texte, publié avec sa casquette de président du parti Les Républicains, a déplu aux deux têtes de l'exécutif. C'est un énième épisode de cacophonie au sein du gouvernement, mais, cette fois, il est encore plus visible car le président s'en mêle.

"Il faut discipliner la parole"

Emmanuel Macron conteste en effet la prise de position du ministre de l'Intérieur et le renvoie à ses dossiers régaliens. "Je pense que chaque ministre doit s'occuper des affaires pour lesquelles il est nommé, parce que si on se met à avoir des ministres qui s'occupent de tout, ça ne s'appelle plus un gouvernement, a-t-il déclaré jeudi. Il y aura le temps des débats, des programmes, si les gens veulent faire autre chose, ils feront autre chose. Mais il faut discipliner la parole."

Sur le fond, Emmanuel Macron rappelle sa doctrine : investir dans le nucléaire et en même temps dans le renouvelable. Une ligne confirmée quelques minutes plus tard par le Premier ministre. Interrogé sur l'attitude de Bruno Retailleau, Francois Bayrou prend d'abord quelques pincettes, le Vendéen ne s'est "pas exprimé en tant que ministre" mais en tant que chef de parti. "Toutes ces tendances qui permettent d'avoir un socle commun s'expriment. J'espère que l'esprit de responsabilité leur permettra de s'exprimer avec un tout petit peu plus de nuance", a-t-il réagi sur BFMTV jeudi soir. 

Et s'adressant à l'ensemble de la classe politique, il rappelle que la situation de la France est grave : "Il n'y a aucune marge pour les jeux, pour les pièges des uns contre les autres".

Affirmer une "ligne claire" chez LR

Mais ces recadrages ne semblent pas perturber Bruno Retailleau. Le président et le Premier ministre "surréagissent", estime l'entourage de Bruno Retailleau. Le ministre a juste répété sa position sur l'énergie, nous dit-on. Le principal intéressé renvoie d'ailleurs vers un livre qu'il a écrit sur le sujet.

Mais pourquoi le ministre de l'Intérieur a-t-il tenu à parler de ce sujet maintenant ? Pour affirmer une "ligne claire" au nom du parti Les Républicains, alors que députés et sénateurs de droite n'ont pas exactement voté dans le même sens ces dernières semaines, explique un proche, qui insiste : "On ne dit pas que le gouvernement doit changer de ligne !"

L’équipe Retailleau semble presque se féliciter de cet épisode : "Cela montre que la voix de Bruno Retailleau porte." D'ailleurs, le nouveau chef de parti va continuer à s'exprimer sur d'autres sujets, notamment l'éducation, car Bruno Retailleau et son équipe sont "en train de construire le projet de la droite pour la présidentielle", nous glisse-t-on. Pas sûr que cela soit longtemps compatible avec une présence dans le gouvernement.

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