Conférence de presse de François Bayrou : "Il ne s'agit pas d'un passage en force, mais d'une volonté de convaincre. Peut-être qu'il y a quelque chose à jouer", estime Emmanuel Rivière, politologue
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Invité de "La Matinale", lundi 25 août, le politologue et enseignant à l'Université Paris I, Emmanuel Rivière, revient sur les enjeux de la rentrée pour le gouvernement et la stratégie de François Bayrou, qui porte le projet impopulaire de l'exécutif et va tenter d'éviter la censure.
Le Premier ministre François Bayrou fera face à la presse, ce lundi 25 août, à 16h, pour une conférence où il entend faire de la "pédagogie". Une prise de parole précoce pour une rentrée politique, que décrypte l'invité de la matinale, Emmanuel Rivière, politologue et enseignant à l'Université Paris I/ Sciences Po, face à Jean-Baptiste Marteau.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Jean-Baptiste Marteau : François Bayrou sera face à la presse à 16 heures tout à l'heure pour cette conférence de presse, un 25 août. C'est assez inhabituel. Il entend faire de la pédagogie, nous dit-on. Ça paraît un peu "mission impossible" d'essayer de convaincre sur ce projet de budget quand on voit le contexte politique...
Emmanuel Rivière : Ça paraît très difficile vis-à-vis des Français auxquels il s'adresse indirectement par la presse, mais aussi directement par sa chaîne YouTube, parce qu'il y a un rejet massif, à la fois du Premier ministre, avec des niveaux de confiance ou de popularité qui sont extrêmement bas, 12 % dans un sondage, 20 % dans un autre, et un rejet des principales dispositions du budget avec une crispation sur quelques propositions, notamment la suppression des jours fériés. Mais vaillamment, François Bayrou semble tenir une ligne qui est celle de l'explication. Persuadé sans doute, qu'à force de prendre les Français à témoin, d'expliquer... Il ne s'agit pas du tout d'une volonté de passage en force, mais d'une volonté de convaincre. Peut-être qu'il y a quelque chose à jouer.
"Le gouvernement est confronté en cette rentrée à la fois à un mouvement social et à un risque de censure"
C'est-à-dire, jouer l'opinion contre les oppositions ? "Je n'arriverai pas à convaincre les oppositions, donc je tente de convaincre les Français" ?
L'opinion n'est pas neutre dans cette affaire. Il y a deux aspects. Il y a ce mouvement un peu incertain, difficile à définir, qui a du mal à se définir lui-même, du blocage du 10 septembre. Il y a des conversations qui existent, un soutien. Un sondage récent de Harris Toluna disait que plus de 60 % des Français soutenaient le mouvement. En même temps, ce n'est pas très clair, ce qu'il s'agit de faire, et ce que les gens peuvent faire le 10 septembre. Donc, s'il arrive à mettre un doute, à instiller l'idée que, peut-être c'est plus ouvert, cela peut désamorcer une certaine partie de la mobilisation. Puis, à l'autre front, le gouvernement est confronté en cette rentrée à la fois à un mouvement social et à un risque de censure. Et là aussi, l'opinion compte un peu, c'est-à-dire que La France insoumise a déjà annoncé le dépôt d'une motion de censure, et l'attitude du Parti socialiste, l'attitude du Rassemblement national dépendra aussi un petit peu de ce que leurs propres troupes, et notamment leurs électeurs, penseront de ce qu'il convient de faire. Là aussi, le défi est immense, puisqu'on est à un niveau très élevé de Français qui souhaiteraient aujourd'hui qu'une censure soit appliquée au gouvernement.
Peut-être que du côté du RN, on se dit qu'il vaut mieux attendre le débat budgétaire au mois d'octobre, peut-être ne pas censurer dès le mois de septembre... Mais au final, on ne voit pas comment le RN pourrait ne pas censurer.
Si on en était là au moment du budget, oui, mais de toute façon, le jeu du RN va d'abord probablement être de ne pas se mettre dans le sillage de La France insoumise et de jouer cette carte aussi de la responsabilité, qu'il joue maintenant depuis 2022. C'est-à-dire qu'il va tenter de peser et essayer de montrer un certain nombre de conquêtes...
De jouer le débat budgétaire à l'Assemblée, de tenter d'avoir des victoires ?
De tenter d'avoir des victoires, et d'estimer si les victoires suffisent pour retourner devant ces troupes et dire 'Voilà ce qu'on a obtenu'. Et pour le Parti socialiste, c'est un peu compliqué. Le Parti socialiste s'est fait conspuer aux universités de La France insoumise, l'allié de l'an dernier, ceux avec qui il a conquis des députés. Donc cela engage assez peu à se mettre dans le sillage de La France insoumise dès la rentrée. Cela étant, c'est vrai qu'il y a une impasse aussi. Parce qu'il y a une rhétorique, finalement, qui est un peu toujours la même : 'Moi ou le chaos, je vais vous expliquer en gros parce que vous n'avez pas compris' ; 'il n'y a pas vraiment d'autre politique que celle que je propose', et c'est précisément ce contre quoi ce mouvement du 10 septembre s'inscrit aussi, qu'il aboutisse ou non. On voit bien qu'en tout cas, ses racines, ce contre quoi il se construit, c'est l'idée que la classe politique, dans son ensemble, est incapable d'organiser le débat et de proposer des perspectives. C'est aussi ça, la toile de fond de cette rentrée, au-delà de l'oscillation du Premier ministre. C'est le sentiment que, depuis un an, on est dans une manifestation d'une forme de point mort ou d'incapacité de la politique à organiser les débats intelligemment dans ce pays.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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