Vote de confiance : "Je dis à Olivier Faure : 'Sans les Insoumis, tu n'auras pas de majorité'", assure Sandrine Rousseau, élue Les Écologistes-NFP de Paris

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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À quelques heures du vote de confiance, et de la chute probable du gouvernement de François Bayrou ce lundi 8 septembre, la députée écologiste Sandrine Rousseau précise, dans les "4 Vérités", sa position si un Premier ministre de gauche venait à être nommé.

Alors que les heures de François Bayrou à Matignon pourraient être comptées, les partis politiques sont en ordre de bataille pour préparer la suite. Dans les "4V" lundi 8 septembre, Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, accepte de commenter l'avenir de la gauche dans une telle conjoncture, et de livrer sa position quant à la candidature d'Olivier Faure, patron du PS, pour gouverner en cas de chute de l'équipe Bayrou.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Gilles Bornstein : Pour la première fois sous la Ve République, un Premier ministre demande la confiance, qu'il n'obtiendra vraisemblablement pas. Il va donc falloir trouver un Premier ministre, un gouvernement et un budget. D'abord, Premier ministre, Olivier Faure s'y voit, est-ce qu'il a raison ?

Sandrine Rousseau : Si c'est Olivier Faure, moi en tous les cas, je le soutiendrai à condition qu'il y ait la ligne du Nouveau Front populaire, que ce soit un gouvernement du NFP, et qu'il y ait le budget du NFP. Parce que nous avions proposé un budget qui, je le rappelle, diminuait les déficits. C'est ce budget-là qui doit être aujourd'hui appliqué, parce que c'est la logique démocratique, parce que c'est la force qui est arrivée en tête des législatives. Je l'entends, ça n'est plus audible, pourtant, il y a quand même une logique républicaine là-dedans, à faire en sorte qu'il y ait un gouvernement de gauche minoritaire. Certes minoritaire, personne n'a la majorité, mais un gouvernement de gauche.

Un gouvernement de gauche minoritaire, c'est ce que propose Olivier Faure, mais à l'inverse de ce que vous venez de dire. Olivier Faure propose un gouvernement sans les Insoumis. Un gouvernement PS, PC, Verts. Ça ne vous va pas ?

Je lui dis : "Avec ça, tu n'auras pas la majorité, Olivier". Ça ne suffit pas, il y a 577 députés et tu as été élu, comme j'ai été élue, comme tout le monde a été élu, sur une étiquette qui s'appelle le Nouveau Front populaire, avec un projet qui n'était ni mon projet, ni le projet de Jean-Luc Mélenchon, ni le projet d'Olivier Faure. C'était un compromis entre tout cela. Et c'est cela qui change la vie des Français. Moi, je voudrais juste dire une chose, c'est que là, on a un an et demi avant la présidentielle et qu'on peut changer des choses très concrètes dans la vie des Français.

"Si c'est un gouvernement du NFP, bien sûr, j'y entrerai"

Avec cette assemblée ?

Mais bien sûr, on peut faire en sorte que, par exemple, que leur loyer n'augmente pas à la rentrée. On peut faire en sorte qu'il y ait un plan volets, par exemple, qui soit mis en place après la canicule que l'on a connue. Ça peut paraître anecdotique, mais je peux vous dire qu'il y a plein de gens qui ont souffert énormément. Un plan volet sur les fenêtres pour que les gens aient moins froid, pour que les familles soient plus protégées. On peut imaginer la diminution du temps de travail, faire en sorte que les billets de train, par exemple, soient moins chers. En fait, on peut changer des choses dans la vie des gens en un an et demi, et c'est ça, notre responsabilité, aujourd'hui. Et elle est forte, elle est importante, elle est presque historique, j'ai envie de vous dire.

Vous, vous êtes partante pour entrer au gouvernement, par exemple ?

Ça dépend du gouvernement, évidemment. Si c'est un gouvernement du NFP, bien sûr, je répondrai oui, parce que je pense que c'est notre responsabilité.

Vous seriez une bonne ministre de quoi ? Si Olivier Faure vous appelle, vous dites quoi ?

Je ne suis pas là pour passer un entretien d'embauche. Et Olivier Faure, les Premiers ministres auraient très bien pu l'appeler. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'en tous les cas, je pense vraiment qu'on ne peut pas changer la vie des gens en un an et demi, mais on peut changer des choses dans la vie des gens. C'est pour cela que nous avons été élus, et c'est pour cela que nous rentrerons au gouvernement si nous sommes appelés, et que je rentrerai au gouvernement, évidemment, si je suis appelée.

C'est exactement ce que dit Olivier Faure, il veut changer la vie des gens pendant un an et demi, mais vous n'avez pas visiblement pas le même périmètre.

Ça, ça n'est pas vrai. Vous dites que nous n'avons pas le même périmètre, mais on a été élus sous la même étiquette.

"Je veux que les Insoumis soient dans le gouvernement, mais ils ont aussi ouvert la porte pour qu'on puisse penser autrement"

Vous avez été élue sous la même étiquette.

Oui, et je vous rappelle que les Insoumis avaient déjà dit qu'ils étaient prêts à...

Jean-Luc Mélenchon avait dit le programme, tout le programme, rien que le programme. Vous me dites la même chose aujourd'hui ?

Oui, mais je vous dis deux choses. Les Insoumis avaient dit un soutien sans participation. Je veux qu'ils soient dans le gouvernement, mais ils ont aussi ouvert la porte pour qu'on puisse penser autrement. Et, par ailleurs, je ne vous dis pas : "Tout le programme, rien que le programme". Je vous dis, nous serions un gouvernement de gauche minoritaire. Et donc, il nous faut trouver les équilibres à l'intérieur de l'Assemblée nationale, mais que les textes viennent de nous : qu'on n'ait pas la loi Duplomb, qu'on ait une loi de protection des gens qui ont le cancer, qu'on ait une loi de lutte contre les déserts médicaux, qu'on ait une loi qui diminue les pesticides... Et après, on trouve des compromis dans l'Assemblée nationale, on en trouvera, on sera capables d'en trouver. Sinon, chacun prendra sa responsabilité. Je vais vous dire, si on fait une loi de diminution des pesticides, que le centre vote contre, eh bien ils en prendront la responsabilité. En fait, les masques tomberont d'une certaine manière. Et ça suffit de se dire que c'est toujours la gauche qui est divisée, alors que le centre n'a pas été capable de gouverner. Je vous rappelle que demander la confiance un an après avoir été Premier ministre, c'est quand même assez rocambolesque en vrai.

D'accord, mais ça, on ne reviendra pas dessus. François Bayrou va tomber vraisemblablement pour son intransigeance, il ne voulait pas discuter du montant des économies à réaliser. Vous, vous êtes réellement prêts à discuter, ou vous aurez la même intransigeance, symétrique ?

Il n'y a pas d'intransigeance, c'est le procès qui nous est fait, mais en fait, il n'y en a pas.

L'abrogation de la suspension de la réforme des retraites, c'est une ligne rouge ?

En tous les cas, si nous sommes au gouvernement, nous proposerons de revenir à l'âge de 62 ans avec la proposition de financer véritablement le système des retraites. Parce qu'on ne peut pas ignorer ce qu'il s'est passé sur les retraites. On ne peut pas se dire que la finance, et en l'occurrence des fonds de pension qui détiennent notre dette, c'est plus important que l'avis des gens qui sont allés dans la rue. En fait, ce sont des questions de valeur. Mais on ne peut pas ignorer non plus la composition de l'Assemblée. C'est pour cela que je vous dis, nous serions un gouvernement certes minoritaire, comme l'a été Bayrou, comme l'ont été d'autres... Mais c'est incroyable qu'on nous fasse le procès d'être minoritaire alors que nous sommes les moins minoritaires de l'Assemblée. Parce que, lorsque François Bayrou a été nommé, personne n'a dit qu'il était minoritaire. On lui a posé 15 fois la question dans une interview ? Moi je vous dis oui, on sera minoritaire, mais on est les moins minoritaires.

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

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