Vote de confiance : "Nous avons besoin d'un changement de cap", affirme Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée nationale

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Article rédigé par France 2 - G. Bornstein
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Jeudi 4 septembre, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et député des Landes était l'invité des "4 Vérités". Alors que le gouvernement Bayrou pourrait tomber lundi prochain, il s'est notamment exprimé sur la direction et les mesures que mettrait en place son camp s'il venait à gouverner.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Gilles Bornstein : Boris Vallaud, dans une heure, vous serez dans le bureau du Premier ministre. C'est pour lui dire au revoir ?

Boris Vallaud (Président du groupe PS à l'Assemblée nationale) : C'est pour lui dire les motifs qui nous conduiront à voter contre la confiance à son gouvernement. Dire avec netteté les désaccords qui sont les nôtres. Je ne sais pas s'il aura des choses à nous dire, puisque je l'ai beaucoup entendu dans les médias ces derniers jours et je n'ai pas trouvé la moindre écoute. Est-ce que je m'en étonne ? Non. Dans le grand silence de l'été, il n'a pas décroché son téléphone, pour personne, d'après ce que je comprends.

Le président de la République vous a appelé, a appelé l'un d'entre vous, parce qu'Olivier Faure a dit : "On est disponibles" ?

Non, nous n'avons reçu aucun appel. Mais je conçois qu'avant lundi soir, il soit compliqué pour lui de prendre son téléphone.

Si vous gouvernez, vous vous engagez, vous avez dit, à ne pas utiliser le 49.3, c'est-à-dire à trouver, texte après texte, des majorités dans l'Assemblée. Votre projet de budget, pareil, il devrait être discuté, donc est-ce qu'on doit comprendre qu'il n'est pas à prendre ou à laisser, qu'il est amendable ?


Nous croyons aux débats parlementaires, aux débats démocratiques, nous croyons à la possibilité du compromis, mais nous croyons surtout à la nécessité d'un changement de politique. Ce qu'il faut dire aujourd'hui, c'est que la politique conduite depuis huit ans nous a menés dans l'impasse, dans la crise économique, financière, sociale dans laquelle nous sommes. Que cette politique a été battue il y a un an dans les urnes, qu'il y a une aspiration forte au changement. Nous avons besoin en effet d'un changement de cap, nous avons besoin de mettre à contribution celles et ceux qui le peuvent, les très hauts patrimoines qui ont été épargnés depuis des années. Nous avons besoin de soutenir le pouvoir d'achat des Françaises et des Français qui travaillent et en particulier des plus modestes. C'est la raison pour laquelle nous proposons, pour ceux qui ont un salaire entre le SMIC et 1,4 SMIC, c'est-à-dire jusqu'à à peu près 2 000 euros par mois, des mesures de pouvoir d'achat fortes par une base ciblée de la CSG. Pour une personne au SMIC, ce serait 900 euros de plus par an. Ce n'est pas rien pour soutenir la croissance, soutenir la vie de celles et ceux pour lesquels souvent, la fin du mois ce n'est pas le 30 mais c'est le 15.

Vous parlez des Français, il se trouve que l'Assemblée nationale, est ce qu'elle est. Elle a été voulue par les Français, il faudra trouver une majorité. Puisque vous croyez aux vertus du débat parlementaire, je voudrais comprendre ce qui est négociable ou ce qui ne l'est pas. Ne pas suspendre la réforme des retraites, est-ce que c'est négociable ?

Nous allons débattre de tout et nous allons tout défendre. Nous allons défendre le bien-fondé d'un retour à la réforme qui était celle de Madame Touraine, c'est-à-dire la retraite à 62 ans. Ça a été une brutalité démocratique dans le mode d'adoption et c'est une injustice sociale sur le plan des effets que cela produit sur les carrières longues, sur les carrières pénibles. Je crois que le préalable est de convaincre et puis dire à ceux dont la politique a échoué, à ceux et celles dont la politique a été battue dans les urnes, qu'il faut changer de cap avec plus de justice, plus de sérieux budgétaire, parce que ce qui est proposé, c'est d'écraser la croissance et de faire monter le chômage. Évidemment, on ne peut pas souscrire à cette proposition. Vous savez, depuis longtemps et même dès 2022, je me suis demandé comment on pouvait faire fonctionner une Assemblée sans majorité. C'est le changement de méthode en même temps que le changement de politique que nous proposons. C'est le sens du renoncement au 49.3. C'est-à-dire l'obligation faite au Parlement de trouver un chemin.

Quel est le périmètre de la discussion ? Vous discutez avec tous les groupes, y compris le Rassemblement national ?

Nous discutons avec toutes celles et ceux qui ont été élus dans l'élan du Front républicain. Vous savez, il y a une majorité dans cette Assemblée. C'est celles et ceux qui ont été élus pour faire barrage à l'extrême droite. Nous ne devons, ni les uns ni les autres, ne jamais oublier les conditions de notre élection. Fidèles à nos électeurs du premier tour, à nos orientations de gauche et fidèles à nos électeurs du second tour.

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