Crise politique : Sébastien Lecornu de retour à Matignon, peut-il tenir ?

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Article rédigé par France 2 - C. Adriaens-Allemand, A. Memorian, O. Gardette, F. Cardoen - Édité par l'agence 6Medias
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De retour à Matignon avec la mission de relancer l’action gouvernementale, Sébastien Lecornu fait déjà face aux vents contraires. Entre majorité introuvable, menaces de censure et partis réticents, le Premier ministre tente de préserver l’équilibre politique tout en promettant d’agir vite sur les urgences budgétaires.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Fidèle allié du président, Sébastien Lecornu rempile à Matignon. Le mieux placé selon l'Élysée, il aurait reçu carte blanche pour composer son gouvernement et présenter rapidement un budget. Mais à peine renommé, le voilà déjà menacé par la censure.

En déplacement le 11 octobre dans un commissariat de la région parisienne, le Premier ministre exhorte les partis politiques à travailler avec lui : "Soit les forces politiques m'aident et on s'accompagne pour le faire, soit elles ne le font pas. C'est ainsi que l'on fait en sorte qu'au 31 décembre, il y ait un budget pour la sécurité sociale, un budget pour l'État et que l'on y traite quelques urgences. Je comprends le débat politique. Maintenant, le sujet, c'est que soit on fait du surplace, soit on avance."

Une majorité introuvable à l’Assemblée

Non merci, semble lui répondre Les Républicains dans la foulée. À l'issue d'une réunion houleuse, le parti de Bruno Retailleau arrête sa position : pas de participation au futur gouvernement et pas de soutien garanti à l'Assemblée. Chaque loi fera l'objet d'une négociation.

Othman Nasrou, secrétaire général des Républicains, précise : "Nous ne serons pas du côté des artisans du chaos, mais, nous ne pouvons pas porter en notre nom une politique qui viendrait céder à la gauche toutes ces idées délirantes qui pourraient plonger le pays dans une situation financière encore plus préoccupante que celle que l'on connaît aujourd'hui."

Autre partenaire à prendre ses distances, le parti d'Édouard Philippe. Ce matin, il se dit inquiet et attend les propositions de Sébastien Lecornu. Il pourrait soutenir le gouvernement, mais sans y participer. Résultat : avec deux partis en moins, le socle commun s'affaisse et ne compte plus que Renaissance et le Modem.

La survie de Sébastien Lecornu sera-t-elle assurée par le Parti socialiste ? Rien n'est moins sûr. Le PS fait monter les enchères et réclame des engagements sur le pouvoir d'achat et la suspension immédiate de la réforme des retraites. "Au moment où l'on se parle, je ne vois pas comment il n'y aurait pas en effet une censure qui se met en œuvre", s’interroge Johanna Rolland, première secrétaire déléguée du Parti socialiste.

Vers un gouvernement technique ?

Prêts à tout pour faire tomber le gouvernement, La France insoumise, le Parti communiste et le Rassemblement national voteront la censure. Invité dans Les 4V le 11 octobre, Sébastien Chenu prévient : "Considérons qu'à un moment, il y aura, plus vite qu'on ne le pense probablement, une majorité à l'Assemblée nationale pour faire tomber ce gouvernement, comme il y en a eu une d'ailleurs pour faire tomber les trois précédents."

Sous pression, le Premier ministre pourrait nommer un gouvernement en partie apolitique, avec notamment des hauts fonctionnaires. Un gouvernement technique aurait l’avantage de la neutralité, "une équipe comptant moins de grandes gueules", mais dédiée à la tâche, souffle un cadre macroniste.

Dans tous les cas, Sébastien Lecornu prévient ce 11 octobre, dans une interview à La Tribune Dimanche : "Si les conditions n'étaient plus remplies, je partirais", assure-t-il.

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